Regroupe trois villages: GIGEAN, POUSSAN et MONTBAZIN
Père Bogdan LESKO, curé.

ANNONCES du 27 avril au 12 mai 2024

(Historique de l'agenda)

89. Jn 13, 31-33a.34-35, V Dimanche de Pâques, C, Réflexion 2022

 

Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité, Alléluia …

Sœurs et Frères

     Si vous lisez cette réflexion, vous pouvez être sûr que je suis bien de retour de la Terre Sainte. Ce pèlerinage m’a apporté beaucoup de joies : je n’ai pas seulement visité ces lieux si importants pour les juifs et les chrétiens, mais j’ai pu aussi rencontrer des gens très intéressants ; ceux de notre groupe bien sûr, mais encore des chrétiens contraints de vivre leur foi dans des conditions plutôt difficiles. Merci à Jésus pour ce magnifique cadeau, même si mon anniversaire n’est pas avant septembre – sourire. Merci à tous ceux qui nous ont accompagnés par leurs prières (j’ai fait de même pour vous, mais je ne peux pas vous assurer de l’efficacité de la prière du curé ordinaire que je suis – sourire). Et maintenant au boulot ! – sourire.

     Nous sommes toujours dans le temps pascal et nous nous approchons de la Pentecôte – le souffle de l’Esprit Saint qui renouvelle et dynamise la vie d’un chrétien. Mais avant cette fête, ce dimanche, nous allons méditer un évangile qui, au premier abord, paraît « faire machine arrière ». En effet, ce passage de saint Jean se situe, non pas après la résurrection, mais avant la Passion, au moment du dernier repas du Christ avec ses disciples. Cet extrait peut donc nous sembler peu approprié à ce temps de Pâques, ce temps de joie, que nous vivons à présent. Mais l’est-il vraiment ?

    Dans notre évangile, après que le Christ a déjà lavé les pieds de ses apôtres et alors que Judas a quitté le repas pour Le trahir, Jésus donne à ses disciples un « commandement nouveau » : « C’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jn 13, 34). Mais qu’y a-t-il de nouveau dans ce commandement ? Les disciples de Jésus savaient déjà très bien qu’il faut aimer son prochain (cf. Lv 19,18 ; Mc 12, 28-31).

     A propos de ce récit de Jean, la note de la TOB au verset 34, explique bien la « nouveauté » de ce commandement du Christ : « Le monde païen, comme le monde israélite (Lv 19,18), avait pour divers motifs prôné l'amitié et le service mutuel. Le commandement de Jésus est nouveau, d'abord parce qu’il pose l’exigence essentielle d’entrée dans la communauté eschatologique ; il l’est aussi dans la mesure où il requiert une humilité et une volonté de service qui mènent à prendre la dernière place et à mourir pour les autres. Cet amour sera désormais le signe de la présence du Seigneur dans le monde (voir 17, 21-23). — La manière de vivre de Jésus n’offre pas seulement une norme et un style, elle fonde aussi la possibilité de vivre pleinement l’amour fraternel et l’édification mutuelle. Contrairement aux synoptiques, Jean ne parle pas d’amour du prochain, mais de l’amour mutuel des disciples. — L’amour atteint son plein épanouissement dans une communauté où il y a échange, don et accueil »*.

    Nous pouvons donc constater que Jésus ne nous donne pas seulement un modèle d’amour pour atteindre son idéal. Il nous donne, si je peux le dire ainsi, la mesure de l’Amour sans mesure, sans limite, que chacun de nous est invité à découvrir, et chaque jour à redécouvrir, dans sa propre vie. Et si je parle de l’Amour sans mesure, c’est aussi pour nous rappeler que cet amour a sa source dans la conscience que je suis aimé par le Christ ; le Christ qui s’est offert pour moi avec un amour sans mesure, à l’image de sa propre relation avec Dieu. Nos évangiles sont ainsi les témoins que Jésus, Lui-même, s’est laissé combler et diriger par cet Amour.

    Tout cela nous permet de déduire que dans notre Eglise, dans nos communautés paroissiales, nous sommes invités, chacun, à être le signe vivant de l’Amour de Dieu. Mais pas seulement par nos jolies célébrations (même si elles sont importantes), par nos déclarations et nos discours. Ce qui est plus fort encore, c’est le don de soi pour autrui. Et cette « offrande » de soi ne dépend pas de nos connaissances, de notre richesse matérielle, du niveau culturel, et de tout ce que nous pouvons obtenir dans ce monde par la force de notre travail. Il s’agit « seulement » de se laisser animer par l’Esprit du Christ, l’Esprit Saint, qui est la vraie mesure de l’Amour sans mesure. Et ne cherchons pas trop loin des « exemples » de cet amour : c’est un prêtre qui reste dans sa paroisse malgré la guerre, c’est une femme atteinte d’un cancer qui risque sa vie pour donner la naissance à son enfant. C’est aussi le cas du frère Charles de Foucauld qui sera canonisé ce Dimanche. Ce dernier qui dans sa jeunesse mesurait se vie à l’aune du plaisir, s’est laissé emporter, après sa conversion, par l’Amour sans mesure, devenant ainsi notre frère universel.

Bon Dimanche à tous,

Votre frère, Bogdan

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*selon les références de la TOB – Traduction œcuménique de la Bible, édition Cerf 2012.