Regroupe trois villages: GIGEAN, POUSSAN et MONTBAZIN
Père Bogdan LESKO, curé.

ANNONCES du 27 avril au 12 mai 2024

(Historique de l'agenda)

 169. 2 Ch 36, 14-16.19-23, IV Dimanche du temps de Carême, B, Réflexion 2024

Sœurs et Frères

    Nous voilà déjà au quatrième dimanche du temps de Carême. Mais cette fois-ci, nous faisons une pause joyeuse puisque ce dimanche est appelé, dans notre tradition, le dimanche de « Laetare ». Cette dénomination vient du premier mot latin de l’« Introït » - l’antienne d’ouverture de cette messe - qui commence par ces mots « Réjouis-toi Jérusalem » (en latin « Laetare Jérusalem »). Et à cette occasion, pour la deuxième fois dans toute l’« année liturgique » (et après le 3ème dimanche de l’Avent, dit « Gaudete ») les prêtres et les diacres portent une chasuble ou une dalmatique de couleur rose (couleur préférée des femmes, n’est-ce pas ?) – sourire.

    Quelqu’un pourrait me dire ceci : « Père Bogdan, quand nous lisons les textes bibliques pour ce dimanche, la première lecture et l’évangile ne nous disposent pas à la joie. L’évangile nous parle du Jugement et des hommes qui ‘ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises’. Quant à la première lecture, elle témoigne de la période sombre de l’histoire du peuple Élu - la profanation du Temple de Jérusalem et la catastrophe de l’Exil à Babylone (VIᵉ siècle av. J.-C) ».
    C’est vrai, ce que nous relate la première lecture, extraite du deuxième livre des Chroniques, n’est pas particulièrement joyeux. Concernant ce deuxième livre dans son ensemble, disons qu’il a été probablement rédigé aux environs du IVᵉ siècle av. J.-C, et qu’à l’origine les deux premiers livres n’en formaient qu’un. Sans entrer dans les détails, les Chroniques relatent des évènements que nous trouvons déjà dans les Livres de Samuel et les Livres des Rois. Aujourd’hui nous nous situons au chapitre 36, le dernier de ce livre, qui condense toutes les infidélités des derniers rois et des élites de Jérusalem, qui ont profané le Temple par le culte des dieux païens. Une période tellement catastrophique sur le plan religieux, spirituel et moral qu’« il n’y eut plus de remède à la fureur grandissante du SEIGNEUR contre son peuple », comme nous le lisons dans le texte. Et les conséquences furent dramatiques pour le peuple Juif.



    Il est bon de savoir que notre extrait fait partie d’une vaste synthèse rédigée bien après l’Exil à Babylone (l’Exil au VIᵉ siècle av. J.-C, et la rédaction du livre au IVᵉ siècle av. J.-C). On pourrait m’objecter ceci : « Pourquoi donc l’auteur de ce livre rapporte, une fois encore, ces évènements tragiques de l’histoire du peuple Élu, déjà bien connus et bien tristes ? ». Je répondrais que cette répétition d’événements connus est un appel à la fidélité à l’Alliance avec Dieu. C’est un appel, adressé au peuple hébreux, pour qu’il retourne à sa propre tradition cultuelle et culturelle, autrement dit, à tout ce qui fait son identité de nation. Une identité autour de laquelle il se « construit » toujours, de génération en génération. Le rappel de cet épisode permet aussi de démontrer ce que peut engendrer, pour un peuple, l’infidélité à Dieu et à ses propres racines vitales. C’est ce qui se passe avec l’Europe qui a abandonné ses racines chrétiennes et ne s’en nourrit plus.

   De notre récit, nous pouvons aussi apprendre à quoi mène l’orgueil de ceux qui gouvernent un pays. Nous ne lisons pas seulement que « tous les chefs des prêtres et du peuple multipliaient les infidélités », mais encore qu’ils « se moquaient de ses prophètes ». Et c’est pourquoi Dieu - qui ne voulait pas punir son peuple au point de l’amener à sa perte - le laissa se confronter aux conséquences de ses propres décisions et de ses propres actes. Ce n’était pas une vengeance mais une « leçon » donnée à ce peuple qui ne voulait pas L’écouter. Dieu respecte toujours la liberté du peuple hébreux. L’avenir de chaque génération de Juifs se construit autour de la fidélité aux Commandements, parmi lesquels l’amour envers Dieu et le prochain occupent une place primordiale.

    Tout cela, à mon avis, nous concerne aussi ! Parce que, si notre monde connaît des guerres, notamment celle d’Ukraine, c’est qu’à la place des valeurs chrétiennes, inscrites dans notre humanité, les responsables placent au cœur de leur politique l’argent et le profit économique avant toute autre valeur.

    Une dernière chose. Nous savons que depuis le vote du Parlement le 4 mars, la France est devenue le premier pays à inscrire explicitement l’avortement dans sa Constitution. De nombreux Français se félicitent de ce vote, pas moi. À propos de cet événement, me sont venus à l’esprit les mots d’un grand prophète de notre temps, le Pape Jean-Paul II. Lors de sa 6ème visite pastorale en Pologne, il a dit clairement à ses compatriotes : « Une nation qui tue ses propres enfants est une nation sans avenir ». Et devant des milliers des personnes, il a dit encore : « Aujourd’hui, le monde est devenu une arène de lutte pour la vie. Il y a un combat entre la civilisation de la vie et la civilisation de la mort » (Kalisz – 4 juin 1997). Le combat qui a lieu dans le cœur de chacun de nous et ne peut être gagné qu’avec le Christ, est aussi un combat au profit de notre monde.

Et malgré tout cela, bon dimanche à tous en Jésus-Christ – le vrai Maître de la vie.
Votre frère, Bogdan (sans sourire)

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P.S. Vous ne recevrez pas ma réflexion pour le Vème Dimanche du Carême parce que du 12 au 14 mars compris, je serai pris par une formation dans notre diocèse pour les prêtres ayant entre 11 et 20 ans de sacerdoce.