Regroupe trois villages: GIGEAN, POUSSAN et MONTBAZIN
Père Bogdan LESKO, curé.

ANNONCES du 27 avril au 12 mai 2024

(Historique de l'agenda)

87. Pâques, Réflexion 2022

Sœurs et Frères

     Chaque semaine je mets ma réflexion sur le site de la Paroisse, en général deux jours avant dimanche; le vendredi donc. Ce qui est normal. Mais cette fois-ci j’ai décidé de la publier avant jeudi. Pourquoi si tôt ?
Parce que la Résurrection du Christ, c’est la fête majeure, la fête la plus importante de l’année liturgique pour nous les chrétiens. Elle commence avec la messe, le soir du jeudi Saint, et se termine avec les vêpres du dimanche de Pâques. Autrement dit, nous participons aux célébrations du Jeudi et du Vendredi Saint, à la Veillée Pascale comme à une seule célébration intégrale: c’est ce que nous appelons Triduum – en latin 3 jours. Donc ce n’est pas un hasard s’il n’y a pas de rite d’envoi - qui normalement clôture toute messe - ni à la fin de la messe du jeudi Saint, ni à la fin de la célébration du Vendredi Saint (il n’y a d’ailleurs pas de messe ce jour-là). Le rite d’envoi est par contre présent à la fin de la troisième célébration – la Veillée Pascale.
    Ainsi, nous sommes invités à cheminer avec le Christ depuis son dernier repas avec ses disciples et sa Passion, jusqu‘à la joie de la Résurrection. Essayons de « saisir » ces deux événements qui nous conduisent à la Résurrection.
Le Jeudi Saint d’abord. Jésus sait que son heure est venue et Il passe son dernier repas avec ses disciples. Et ce repas est marqué par le lavement des pieds – un geste qui, à l’époque, ne pouvait pas même être imposé à un esclave juif. Ce geste illustre l’amour de Jésus et annonce sa mort (voir v. 7)*. Et par ce geste le Christ trace pour nous le chemin vers notre propre résurrection : celle-ci doit être empreinte de notre capacité à vouloir servir les autres - « C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous ». Cela n’a rien à voir avec la servilité parce que le vrai service transforme le cœur de celui qui sert, comme le cœur de celui à qui ce service est rendu.
    Sur le chemin de la Résurrection nous rencontrons ensuite le Christ qui vit sa Passion. Chaque Vendredi Saint nous lisons la version selon saint Jean, qui diffère des versions synoptiques (Mt, Mc, Lc) et fut rédigée plusieurs dizaines d’années après celles-ci (de Mt, Mc, Lc). En effet, chez Jean nous voyons le Christ qui, même lorsqu’Il est jugé, lorsqu’Il est en position de « perdant » face à Pilate, contrôle toujours la situation. Quand Pilate Lui dit: « Tu refuses de me parler, à moi ? Ne sais-tu pas que j’ai pouvoir de te relâcher, et pouvoir de te crucifier ? ». Jésus répond : « Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi si tu ne l’avais reçu d’en haut ». Jésus est libre, Jésus se donne librement : Il dit ce qu’Il pense, Il fait ce qu’Il trouve juste. Nous-même, en y réfléchissant, nous percevons bien que lorsque nous donnons quelque chose de nous-mêmes dans la liberté, alors nous sommes les plus forts. Et nous devenons faibles quand nous faisons quelque chose par peur, par conformisme, par souci du politiquement correct. Jésus a souffert parce qu'il était fidèle à Lui-même; parce qu'il était fidèle à ses valeurs, comme on dirait aujourd’hui.

Chemin vers la Vie. Cependant, cette route « hors du monde » - en ce sens où elle n’est pas conforme à la logique de ce monde - le Christ l’a suivie plus loin encore. C’est-à-dire jusqu’ où ?
Pour les témoins oculaires de ces événements tragiques, Jésus après sa condamnation a été amené au Calvaire pour mourir comme un bandit. Ce sont les disciples du Christ qui, plus tard, ont découvert, dans leurs cœurs, que tous les choix de leur Maître L’avaient amené à la Vie, dans la Gloire de son Père.

    Mais, est-ce qu’Il est vraiment ressuscité ? Il n’y a pas de réponse théorique à cette question. Tous les ans, chacun doit, « pour son propre compte », se poser cette question : que signifie pour moi croire à la Résurrection aujourd’hui ? Et qu’est-ce que cela implique dans ma vie quotidienne ? La Résurrection du Christ peut rester seulement pour moi une fête religieuse annuelle ou quelque chose qui n’a absolument rien à voir avec la réalité de ma vie et les réalités de ce monde. Le peuple Ukrainien a répondu à cette question en croyant à la résurrection de son pays malgré la terrible puissance du mal. Il n’a pas perdu la foi: il croit que là où le mal s’est tant manifesté, un jour la vie régnera. Parce que le Résurrection c’est la victoire de l’amour, du bien et du pardon.

    La Résurrection ce n’est pas seulement le chemin de Jésus mais, grâce à Lui, le tien et le mien. Je peux prendre ce chemin de renaissance qui ne m’oblige à rien mais qui, à travers ma foi, m’invite à réorienter ma vie, à en faire le don libre pour mes frères et sœurs en humanité.

Bon Triduum et belle fête de la Résurrection pour tous,
votre frère Bogdan

* selon les références de la TOB – Traduction œcuménique de la Bible, édition Cerf 2012.