Regroupe trois villages: GIGEAN, POUSSAN et MONTBAZIN
Père Bogdan LESKO, curé.

ANNONCES du 21 au 28 avril 2024

(Historique de l'agenda)

 110. Lc 20, 27.34-38, XXXII Dimanche du Temps ordinaire, C, Réflexion 2022

 Sœurs et Frères

    Depuis quelques dimanches nous suivions Jésus en route vers Jérusalem ; aujourd’hui, nous voici avec Lui sur les lieux de sa condamnation et de sa Passion. La scène que Luc nous présente se déroule au temple de la ville Sainte des Juifs, où Jésus enseigne le peuple. Une fois de plus, on pourrait dire que la situation du Christ est plutôt critique. En effet, peu de temps avant, les paroles de Jésus avaient suscité la réprobation des scribes et des pharisiens (Lc 20, 1-19) et la situation était devenue tellement tendue que ces derniers « [avaient cherché] à mettre la main sur Jésus » ; mais ils n’en firent rien car ils eurent peur du peuple (Lc 20, 19).
   C’est donc dans ce contexte que « quelques sadducéens » s’approchent de Jésus. Nous lisons qu’ils contestaient la foi en la résurrection, contrairement aux scribes et aux pharisiens qui y croyaient. Mais sous le couvert d’un débat sur ce sujet, ils veulent en réalité compromettre Jésus. Et pour cela ils se servent de la loi du lévirat. « La pratique du lévirat (du latin « levir » = beau-frère) ; fondée sur le Deutéronome (25, 5-10) mais interdite par le Lévitique (18, 16 et 20, 21), selon laquelle un beau-frère épouse la veuve de son frère si elle est sans enfant, avait pour but de perpétuer le nom de la famille et d’assurer un héritier au défunt » ; cette coutume, était également pratiquée chez les païens (Hittites et Assyriens) mais elle avait moins d’importance depuis que les filles pouvaient hériter (Nb 36)*. Cependant pour les Israélites, cette loi avait aussi une dimension religieuse. Elle était étroitement liée à la foi en la venue du Messie. Chaque Israélite devait avoir une descendance pour voir ce jour avec les yeux de ses enfants. Ceux qui mouraient sans enfant perdaient l’espoir de voir cette intervention messianique de Dieu dans l’histoire du Peuple Élu.

    Le Christ connaît leurs intentions. Cependant Il a « de la classe » (sourire) et Il leur donne une réponse sérieuse. Et pour cela Il s’appuie sur la partie de l’Ancien Testament reconnue par ses adversaires, c’est-à-dire le Pentateuque (les sadducéens s’en tenaient à la loi écrite, principalement aux cinq premiers livres de l’A.T.). Le Christ les surprit, là où ils ne L’attendaient pas : pour trouver l’affirmation de la résurrection, Il leur cite le passage du Livre de l’Exode où Dieu s’est révélé à Moïse comme « le Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob » (cf Ex 3, 6). C’est-à-dire le moment où « Dieu s’est révélé à Moïse comme le Dieu des pères, le Dieu vivant qui conduit l’histoire des vivants »**.
    La réponse du Christ a dû être difficile à entendre pour les sadducéens. Mais elle pouvait aussi être libératrice. Difficile, parce que les sadducéens avaient une place importante dans le pouvoir religieux et politique en Israël. Même s’ils étaient moins nombreux et moins populaires que les pharisiens, ils faisaient partie de l’aristocratie riche et influente de Jérusalem, principalement issue de familles sacerdotales. Jésus leur fait comprendre que, dans le monde à venir, tout sera différent et qu’ils ne pourront pas s’appuyer sur le pouvoir auquel ils tiennent tellement.
Cependant la réponse du Christ, qui n’était pas seulement destinée aux sadducéens mais à tous ses auditeurs - le peuple, les scribes, les pharisiens - pouvait être libératrice. Jésus dit que la vie, en soi, n’est pas une question de descendance et d’héritage. Jésus se fonde là sur la Vie qui vient d’en haut et qui dépasse tout, même la mort.

    Cet évangile et la façon dont les gens pensaient autrefois, ne sont pas loin de notre réalité. Aujourd’hui nous sommes en mesure de « posséder » des enfants (PMA, GPA) et de protéger notre héritage par un testament. Mais est-ce suffisant pour être heureux ?
Il est facile de se débarrasser de Jésus aujourd’hui. Son message, comme en son temps, n’est pas toujours le bienvenu, parce qu’il n’est pas très attirant et qu’il risque de bousculer nos convictions et nos habitudes. Mais si, en tant que chrétien, j’abandonne ce message, alors sur quoi et sur qui puis-je fonder mon bonheur ?
    Tous, croyants ou non croyants, nous sommes destinés à vivre dans ce monde des réalités personnelles et sociétales difficiles à assumer. Pourtant, vivant dans ce monde et dans une réalité qui ne dépend pas forcément de nous et souvent nous dépasse, il y a ce choix fondamental, chaque jour : voulons-nous puiser dans la puissance de la résurrection de Jésus et la puissance de l’amour ?

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* selon la référence de Mt 22, 24 ; TOB – Traduction œcuménique de la Bible, édition Cerf 2012.
**selon la référence de Mt 22, 32 ; TOB – Traduction œcuménique de la Bible, édition Cerf 2012.

Bon Dimanche,
Votre frère Bogdan