Regroupe trois villages: GIGEAN, POUSSAN et MONTBAZIN
Père Bogdan LESKO, curé.

ANNONCES du 27 avril au 12 mai 2024

(Historique de l'agenda)

 108. Lc 18, 9-14, XXX Dimanche du Temps Ordinaire, C, Réflexion 2022

Sœurs et Frères

     Dans ces premières lignes de ma réflexion, je voudrais vous présenter deux personnes : deux catholiques attachés à leur religion, pour lesquels la présence du Christ compte dans la vie. Le premier jeûne deux fois par semaine. Il verse scrupuleusement chaque année le denier du culte, mais en plus, il offre chaque mois 10 % de son revenu pour son Église et pour les pauvres. Donc, nous constatons que cette personne fait beaucoup plus que ne le prescrivent la loi et les coutumes de son Église. Elle ne cesse, en outre de remercier Dieu dans ses prières, pour sa vie et pour ce qu’elle est à ce jour. Elle est respectée et estimée dans sa ville, et elle en est consciente.
      Face à elle, nous avons quelqu’un dont la vie est très compliquée et qui, à cause de sa prétendue marginalité, éprouve le sentiment de sa bassesse au regard de la loi et de ses compatriotes. Et cela à tel point, que même, pendant sa prière à l’église, cet homme ou cette femme n’ose pas « lever les yeux au ciel ».

    Alors, sœurs et frères, nous sommes déjà au cœur de notre évangile, qui mérite (comme chaque évangile d’ailleurs – sourire) d’être médité en relation avec notre vie.
Encore une fois le Christ présente à ses auditeurs une parabole, bien ancrée dans les réalités de leur vie et de leur culture. Et même si ces réalités nous échappent, parce que nous vivons dans un autre contexte, nous pouvons toujours en retirer quelque chose pour nous. Alors, allons pêcher ensemble pour tirer ce « quelque chose » de la profondeur inépuisable de l’évangile de Jésus (il est impossible de cacher que j’habite dans une ville de pêcheurs – sourire).

    Si nous observons de plus près le pharisien, nous n’avons pas grand-chose à lui reprocher. Dieu et la loi comptent vraiment beaucoup pour lui. La relation avec Dieu est un élément central de sa vie. En effet, il jeûne bien plus qu’il ne faut (comme tout juif, il n’était obligé de jeûner qu’une fois par an - le Jour du Grand Pardon Yom Kippour, cf. Lv 16, 29) ; et il partage très généreusement ce qu’il récolte. A la lecture des évangiles, nous pouvons constater que Jésus n’a jamais reproché aux pharisiens leur manque de piété ou de sens du partage. Alors où est donc le hic dans l’attitude des nombreux (je ne dirais pas tous) pharisiens à l’époque ? La réponse nous pouvons la trouver dans un chapitre de saint Luc précédant notre évangile : « Quel malheur pour vous, pharisiens, parce que vous payez la dîme sur toutes les plantes du jardin, comme la menthe et la rue et vous passez à côté du jugement et de l’amour de Dieu. Ceci, il fallait l’observer, sans abandonner cela » (voir Lc 11, 42).

     La prière de notre pharisien était pleine de gratitude envers Dieu. Mais si nous prenons au pied de la lettre les mots grecs (πρὸς ἑαυτὸν ταῦτα προσηύχετο* – verset 11) qui expriment l’attitude de sa prière, nous pouvons constater qu’il « se prie » ou prie « en lui-même ». Autrement dit, pendant sa prière, il est tourné vers lui. Nous remarquons aussi qu’il se flatte de tout cela devant Dieu, à tel point qu’il méprise l’autre. Cette disposition intérieure prouve qu’il n’attend rien de Dieu. Au contraire, le publicain (c’est-à-dire un collecteur d’impôts) a vraiment besoin de Dieu. Il n’a rien à Lui offrir : seulement son malheur et sa vie dont, assurément, il n’est pas « fier ». Mais, comme un homme croyant, il est venu au Temple en suppliant Dieu, pour qu’Il se penche sur sa misère. Et celui-là, comme le déclaré le Christ « était devenu un homme juste, plutôt que l’autre ». C’est dans l’attitude de ce publicain que nous trouvons l’écho de ces paroles du Christ : « Ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler des justes mais des pécheurs, pour qu’ils se convertissent » (Lc 5, 31-32).

     Ma relation réelle et vitale avec Dieu commence au moment où je me rends compte que j’ai besoin de Lui ; on ne peut pas remplir un verre qui est déjà plein. La vraie religion ne méprise jamais l’autre. Au contraire elle pose un regard bienveillant sur lui, même s’il est différent. Et si nous avons quelques fois l’habitude de dire que « la comparaison tue » c’est qu’elle le peut effectivement ; elle peut « tuer » l’autre, mais encore, en ce qui me concerne, m’empêcher d’accéder à la vie en plénitude prévue pour moi. La vie qui se déploie dans l’accueil, le pardon et la compassion.

  

Bon Dimanche à tous,
votre frère, Bogdan

****************
*https://theotex.org/ntgf/luc/luc_18_gf.html