Regroupe trois villages: GIGEAN, POUSSAN et MONTBAZIN
Père Bogdan LESKO, curé.

ANNONCES du 21 au 28 avril 2024

(Historique de l'agenda)

 106. Lc 17, 11-19, XXVIII Dimanche du Temps Ordinaire, C, Réflexion 2022

Sœurs et Frères

    Comme vous pouvez le constater, je suis de retour de ma retraite spirituelle et je suis revenu avec une auréole ; le seul souci est que je dois régulièrement changer les piles – sourire. Et maintenant je me mets au travail.

Nous savons déjà que Jésus est en route vers Jérusalem avec ses disciples. D’ailleurs notre évangile d’aujourd’hui commence par cette précision ; « Jésus marchant vers Jérusalem ». Et c’est à l’entrée du village que dix lépreux viennent à sa rencontre et sont guéris par Lui. Un seul parmi eux viendra rendre grâce.

    Mais avant de poursuivre ma réflexion, je vous demande de vous arrêter quelques minutes, de faire une pause, pour vous poser la question suivante : « Pourquoi les 9 autres n’ont pas fait demi-tour et ne sont pas revenus vers le Christ ? ». Prenez votre temps, nous ne sommes pas pressés – sourire ; toutes les réponses sont les bienvenues et elles sont bonnes parce qu’elles viennent de vous – sourire.

     En réalité la réponse à cette question n’est pas évidente. Pourquoi ? Dans notre évangile nous voyons le Christ étonné que seul un Samaritain revienne « rendre gloire à Dieu ! » - « Tous les dix n’ont-ils pas été purifiés ? Les neuf autres, où sont-ils ?». Alors là, vous ne trouvez pas que Jésus exagère un peu ? Après tout, c’est Lui-même qui leur a dit d’aller se « montrer aux prêtres » pour que ces derniers, selon leurs lois, constatent la guérison. Ces hommes n’ont fait qu’obéir au Christ et à la loi de Moise. Pourquoi alors Jésus est-il étonné ?

   Ce retour vers le Christ d’un Samaritain, généralement traité d’hérétique par les Juifs, dévoile cependant quelques pistes à notre réflexion.
Luc nous rapporte que tous les dix ont été purifiés de la lèpre, une maladie très contagieuse et considérée à l’époque comme la punition de Dieu pour les péchés commis. Les 9 juifs qui ont été eux aussi guéris par le Christ n’ont rien fait de mal ; redisons-le, ils ont obéi à la parole du Christ et respecté la loi de leur nation. Pourquoi donc Jésus a-t-il loué l’attitude de ce Samaritain ? Ce dernier ne devait-il pas aller en toute hâte avec ses compagnons se montrer aux prêtres pour reprendre aussitôt une vie normale ?
Luc nous dit encore que ce Samaritain « se jeta face contre terre aux pieds de Jésus ». La Bible nous prouve que ce geste était un hommage à Dieu (voir par exemple Lv 9, 24; Jdt 9,1; Mt 17,6). Donc, pour lui il ne s’agissait pas seulement d’une guérison, d’une purification. Il savait que sa vie avait été sauvée et il savait par qui il avait été sauvé.
     Être guéri ou « purifié » de sa maladie ce n’est pas la même chose qu’être « sauvé ». Prenons par exemple, deux personnes qui ont survécu à une forme très grave du Covid-19; l’une pourra dire « j’ai été guérie », et la deuxième « j’ai été vraiment sauvée ». Ces deux formulations n’ont pas le même poids, si je peux m’exprimer ainsi. Cela implique une relation différente avec la chose vécue et avec la personne qui a aidé à la guérison.
Le Samaritain n’a pas fait demi-tour pour remercier seulement le Christ. Il s’est senti vraiment sauvé par Lui. Il Lui a rendu cet hommage parce qu’il a reconnu que la puissance de Dieu opérait en Lui. Chacun de nous éprouve de la reconnaissance envers les personnes qui lui ont fait du bien dans la vie. Mais nous rendons véritablement hommage aux personnes qui ont, à un moment donné, « sauvé », d’une manière ou d’une autre, notre vie. Le regard que nous portons sur elles est désormais unique.

     Cette scène nous renvoie à notre propre regard sur l’Eucharistie, sur notre Messe. Pourquoi ? Parce que là où nous lisons que le Samaritain « rendit grâce » à Jésus (verset 16), nous trouvons le mot grec ‘’ eucharisteo” (εὐχαριστῶν*). Nous ne pouvons pas vivre chaque Eucharistie comme une loi prescrite par l’Eglise et être content de l’accomplir en « se montrant au prêtre ». Chaque Messe est tout d’abord pour nous l’occasion de rendre grâce à Celui Qui est mort pour nous, pour nous sauver, Celui qui Seul est capable de purifier notre cœur de la lèpre qui nous sépare de nous-même et d’autrui.

     Une dernière chose. Qui d’après vous, a le plus avancé dans sa vie : ces 9 juifs qui ont accompli la loi avant de reprendre une vie normale ou cet « hérétique » qui a fait demi-tour pour rendre grâce à Celui qui lui a dit « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé »?

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* https://theotex.org/ntgf/luc/luc_17_gf.html

Bon dimanche à tous,

Votre frère Bogdan