Regroupe trois villages: GIGEAN, POUSSAN et MONTBAZIN
Père Bogdan LESKO, curé.

ANNONCES DU 28 MARS au 7 avril 2024

(Historique de l'agenda)

 97. Lc 10, 25-37, XV Dimanche du Temps ordinaire, C, Réflexion 2022

 Sœurs et Frères

    Comme nous le savons tous, malheureusement la guerre en Ukraine dure encore et elle est sûrement loin d'être finie. Depuis de début de cette guerre horrible, le monde se mobilise pour aider ce peuple courageux qui ne se bat pas seulement pour sa propre liberté. Dans la presse du 18 mai*, j’ai pu observer un graphique présentant les États qui aidaient le plus l’Ukraine, classés selon leur produit intérieur brut (PIB). On pourra dire que ce graphique est sujet à diverses interprétations, mais il nous permet, à coup sûr, de constater qu’à la tête de ce classement se trouvent deux petits pays de notre continent européen : l’Estonie et la Lettonie. Je présume que ce résultat n’a pas radicalement changé depuis. Quelqu’un pourra dire : « Père, j’attends de votre part une réflexion dominicale, pas une spéculation concernant des statistiques, même si cette guerre atroce nous touche toujours ». Oui, c’est vrai. Par contre, je trouve que mon préambule a un lien très fort avec le récit de Luc.

    Dans notre évangile d’aujourd’hui, composé de deux parties, nous suivons toujours le Christ au début de son cheminement vers Jérusalem (Lc 9, 51 – 19, 28). La première partie (versets 25-28) est une discussion entre un docteur de la Loi et Jésus concernant la vie éternelle - un épisode que nous trouvons également chez Mathieu et Marc avec, pour chacun, sa propre spécificité (cf. Mt 22, 34-40 ; Mc12, 28-31). Dans le récit de Luc, le « spécialiste » des Écritures Saintes, qui veut justifier ses connaissances, pose la question à Jésus : « Et qui est mon prochain ? ». Et comme réponse du Christ, nous avons un texte propre à Luc – la parabole du bon Samaritain. C’est la deuxième partie de notre texte (versets 29-37). Cette parabole nous est à tous bien familière et je pense que, chaque fois que nous la relisons, nous sommes profondément touchés par le comportement de ce Samaritain à l’égard de l’homme « à moitié mort », étendu au bord de la route très fréquentée qui mène de Jérusalem à Jéricho.
    Je ne veux pas porter de jugement sur le comportement de tous les acteurs de cette scène - prêtre, lévite, samaritain - à l’égard de cet homme en grand danger, parce que je ne connais pas les motivations de ces gens. Et je ne peux que constater qui est le prochain « de l’homme tombé aux mains des bandits », parce que le texte nous le dévoile clairement. Dans la lecture que je fais aujourd’hui, ce qui attire mon attention, c’est la réponse que le Christ donne à son interlocuteur ; réponse qui vient « clôturer » chacune des deux parties de notre évangile. Donc, dans le verset 28 Jésus dit : « Tu as répondu correctement. Fais ainsi et tu vivras » et dans le verset 37 : « Va, et toi aussi, fais de même ». Pourquoi ces réponses du Christ sont-elles fondamentales ? Parce que toutes deux soulignent que l’important n’est pas seulement d’accomplir la Loi ou les commandements de la religion. L’important est de voir ces commandements comme la question de ma propre vie en plénitude. Autrement dit, l’amour envers Dieu et le prochain comme le chemin pour vivre - « Fais ainsi et tu vivras ». Et il s’agit aussi de cultiver en soi une disposition constante : celle d’un homme qui vit le drame d’un autre comme sa propre douleur, et qui va à sa rencontre - « Va, et toi aussi, fais de même ».

     Et si je reviens à ce graphique qui a introduit ma réflexion, ce n’est pas pour juger des motivations des décideurs politiques, mais pour dire que, peut-être, nous trouvons là une réponse à la question : qui est le prochain de nos sœurs et frères en Ukraine ?

    Pour être le prochain de quelqu’un, il ne s’agit pas seulement de disposer de quelque chose à donner (en Europe il y a des pays plus grands et plus riches que l’Estonie et la Lettonie). Il s’agit plutôt de dépasser nos habitudes sociales, culturelles, les intérêts économiques et même quelque fois religieuses, en se laissant toucher par le malheur qui atteint quelqu’un d’autre.

    Chaque jour, dans notre vie, la question qui se pose ce n’est pas « Et qui est mon prochain ? » mais pour qui et jusqu’où je veux être prochain ?

Bon Dimanche à tous,

Votre frère, Bogdan

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*https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2022/05/18/quelles-nations-ont-le-plus-aide-l-ukraine-depuis-le-debut-de-l-invasion-russe-en-fevrier_6126677_4355770.html#:~:text=Les%20Etats%2DUnis%20r%C3%A9trogradent%20au,Pologne%20(0%2C46%20%25).