Regroupe trois villages: GIGEAN, POUSSAN et MONTBAZIN
Père Bogdan LESKO, curé.

ANNONCES du 21 au 28 avril 2024

(Historique de l'agenda)

77. Jn 2,1-11, II Dimanche du Temps Ordinaire, C, Réflexion 2022

Sœurs et Frères

     Ce Dimanche, l’Église nous donne à méditer un récit qui témoigne du premier signe du Christ, selon Saint Jean, l’auteur de notre évangile. Quelqu’un pourrait dire ceci : « Père c’est le miracle de Jésus qui, pendant un mariage à Cana de Galilée, a transformé l’eau en vin ». A cela je réponds avec insistance, que ma préférence va au mot « signe » plutôt qu’au mot « miracle » - sourire. Et ce n’est pas que je sois « têtu comme un mule » -sourire. J’ai des raisons, des arguments, qui viennent de notre texte.

    Mais tout d’abord, je commence par une remarque historique, à savoir qu’en Orient les chrétiens des premiers siècles fêtaient Noël à l’Épiphanie (dans l'Église d'Occident la fête liturgique de Noël célébrée à la date du 25 décembre, ne se répandit qu’à partir du IVème siècle). Selon cette tradition, conservée par exemple dans l’Église apostolique arménienne, on fait mémoire à Noël, tout à la fois, de l'adoration des Rois mages, du baptême du Seigneur et de la transformation de l’eau en vin à Cana, en Galilée. Ce sont les trois événements où Jésus, le fils du Dieu, se manifeste publiquement au monde : aux païens incarnés par les Rois mages, à ses compatriotes sur les bords du Jourdain et à ses disciples aux noces de Cana. Ce n’est pas par hasard si nous lisons dans notre évangile ces mots : « Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui ».

    Alors, vous êtes d’accord qu’il ne s’agit pas d’un « simple » miracle du Christ, si souvent évoqué et apprécié des amateurs de bon vin – sourire ! Donc, on peut avancer – sourire.
Mais comme souvent j’ai un dilemme : sur quoi se concentrer alors que mes yeux, mon cœur et mon esprit sont sollicités par un évangile si profond et si riche de symboles ? Je dois choisir. Je vais, cette-fois-ci, me pencher tout d’abord sur des mots, à première vue sans importance.

    Notre texte commence par cette formule : « En ce temps-là, il y eut …... ». Pourtant, dans les autres nombreuses traductions, nous lisons : « Le troisième jour, il y eut …… ». Notons que cette petite différence à propos de l’évangile selon Saint Jean, n’est pas sans importance. Ce texte inaugure en effet la mission du Fils de Dieu qui se manifeste par un signe remarquable. Que nous dit, sur ces mots, le commentaire de la Traduction œcuménique de la Bible ? « Le troisième jour » renvoie aux trois jours après la promesse faite à Nathanaël et, dès lors, sept jours après la scène de Béthanie (le témoignage de Jn 1,28) ; l'évangile s’ouvre donc, comme la Genèse, par une semaine qui aboutit, le septième jour, à la première manifestation de la gloire de Jésus (2,11)* . Et donc, nous sommes au moment de la « nouvelle création ». Et « le troisième jour » nous amène inévitablement à la résurrection de Jésus Christ, qui manifestera sa gloire trois jours après sa mort, une fois pour toute.

    Au tout début de son évangile, l’auteur nous présente Dieu qui, en Jésus Christ veut faire Alliance avec toute l’humanité, avec chaque homme et femme de chaque époque, et pour toujours. Je dirais que l’Incarnation de Jésus-Christ est en bon chemin.

Dans notre scène, nous voyons six jarres de pierre remplies d’eau qui deviendra vin. Le vin dans la Bible c’est, entre autres, le symbole de la joie qui « réjouit le cœur de l'homme » (cf Ps 103 [104], 15) ; Qo 9,7). La joie qui vient de Dieu et de l’homme qui Lui fait confiance.

    Ce premier signe du Christ nous dévoile quelque chose de touchant ; Jésus ne révèle pas sa gloire isolée de la réalité et des préoccupations humaines (« Ils n’ont pas de vin »). Au contraire, Il révèle cette gloire là où nous arrivons à la limite de nos capacités, là où nous ne voyons plus la sortie d’une situation, et quand quelquefois nous attendons le pire (la manque du vin à cette époque était une humiliation sociale et une honte pour l’hôte du mariage). La gloire de Dieu veut trouver son reflet non dans un événement surnaturel, mais dans un homme et une femme qui Lui dit « oui ». Dieu veut encore une fois, faire alliance avec nous : alliance de joie, comme celle des gens qui participent au mariage d’une femme et d’un homme liés par l’amour. Cependant pour une alliance, il faut un engagement des deux côtés, comme dans un mariage.

     Bon dimanche à toutes et à tous,

Votre frère, Bogdan

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* Voir la référence Jn 2,1 selon TOB - Traduction œcuménique de la Bible, édition Cerf 2012.