Regroupe trois villages: GIGEAN, POUSSAN et MONTBAZIN
Père Bogdan LESKO, curé.

ANNONCES DU 13 au 21 AVRIL 2024

(Historique de l'agenda)

 62. Mc 10, 2-16, XXVII Dimanche du temps ordinaire, B, Réflexion 2021

Sœurs et Frères

      Aujourd’hui nous sommes les témoins de la discussion du Christ avec des Pharisiens, qui voulaient encore une fois l’éprouver. Ce qui est évident pour nous, c’est que leur question ne découle pas du désir d'acquérir la sagesse du Maître de Nazareth. Leur comportement à l’égard de Jésus n’est d’ailleurs pas surprenant car, dès le début de sa mission, ils L’ont considéré comme quelqu'un qui blasphémait et violait leur Loi (cf. Mc 2, 7, 16, 24).
    Dans cette discussion, le sujet parait très clair et la réponse, selon la Loi, évidente aussi. On pourrait intituler le sujet de cette conversation: «mariage et divorce»; un sujet qui est toujours d’actualité aujourd’hui; en effet, dans bien des domaines, des spécialistes en débattent, et pas seulement des théologiens.

    Dans leur propos, les Pharisiens s’appuient sur le texte du livre du Deutéronome qui permettait de renvoyer sa femme pour n’importe quel motif (cf. Dt 24, 1-4). Et c’est la raison pour laquelle ils « parlent de permission (v. 2. 4), alors que Jésus leur demande s'il y a un commandement que les Pharisiens auraient été bien en peine de trouver dans la Loi. Chez Mt 19, 7-9, les Pharisiens au contraire parlent d’un commandement de Moïse et Jésus leur répond que ce n’est qu’une permission. Dans sa réponse, Jésus en appelle de la parole qui permet le divorce à la parole qui fonde le mariage : la dispense n’abolit pas la loi fondamentale»*.


    Jésus répond à ses adversaires en s'appuyant, comme eux, sur un de livres de la Torah (autrement dit le Pentateuque, c’est-à-dire les 5 premiers livres de la «Bible» juive, fondamentale pour eux). Et dans sa réponse, le Christ évoque le texte du livre de la Genèse qui décrit l’union entre l'homme et la femme dans le projet de Dieu (cf 1, 27 i 2, 18-24). 

    À première vue, on pourrait dire qu’ici, nous avons un duel entre deux parties compétentes dans la connaissance de la Loi juive. Cependant le Christ va au-delà d’une discussion casuistique; on pourrait dire qu’Il dépasse la religiosité infectée de légalisme casuistique (si je peux m’exprimer ainsi).

    Jésus évoque la beauté et la profondeur d’une union entre un homme et une femme. Cette union est décrite par le verbe «proskolláomai» qui signifie «s'accrocher» ou même «s'attacher» à une autre personne. L’unité spirituelle et physique fait que deux deviennent un. Il n’y a pas de loi créée par l'homme qui soit capable d'expliquer la complexité de l’union entre l'homme et la femme, parce que chaque personne et chaque union sont uniques. Cependant, marchant avec Dieu, nous sommes capables de mieux voir et comprendre l’amour entre l'homme et la femme. Le problème des Pharisiens c'est la dureté de leur cœurs (ou la sclérose, selon une autre traduction). Ils sont fermés, ils s’accrochent à leur Loi, et leur cœur n’est pas capable de se transformer. Encore une fois, les Pharisiens ont prouvé qu’ils n’ont pas de disposition pour accueillir la bonne nouvelle du Royaume de Dieu, contrairement à l’enfant, capable de l’accepter immédiatement, sans discussion et sans condition.

   Une dernière remarque à propos de notre évangile: à l’époque du Christ, chez les Juifs, seul l’homme avait le droit de répudier sa femme, cette dernière n’avait pas ce privilège. Or Jésus nous montre que la femme peut de même commettre l’adultère en répudiant son mari. Il montre qu’ils sont égaux, comme il en était dans le projet de Dieu depuis toujours.
   Dans notre société, la séparation d’avec quelqu'un et le divorce sont des actes faciles à réaliser selon la loi et les coutumes. Néanmoins, dans cette société «sans religion», où l’enseignement du Christ et de l’Église (même pour beaucoup de chrétiens) sont considérés comme «le passé», sommes-nous capables de reconnaître la véritable unité entre l'homme et la femme ?

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*Selon la référence de TOB -Traduction œcuménique de la Bible, édition Cerf 2012.