Regroupe trois villages: GIGEAN, POUSSAN et MONTBAZIN
Père Bogdan LESKO, curé.

ANNONCES du 21 au 28 avril 2024

(Historique de l'agenda)

8. Mt 14,13-21, XVIII Dimanche du Temps Ordinaire, Réflexion 2020

     Les derniers dimanches nous avons suivi Jésus qui nous a expliqué le Royaume des Cieux en parabole. Aujourd’hui nous avons le récit de la première multiplication des pains. Ce n’est pas une nouveauté. C’est déjà dans l’Ancien Testament que le prophète Elisée, pendant une grande famine, a multiplié les pains pour nourrir les gens ; « et il en resta, selon la parole du Seigneur » (2 R 4, 42-44). Cependant il s’agit ici de quelque chose de plus qu’un miracle accompli par Jésus.

    Dans notre Évangile nous lisons que Jésus « vit une grande foule de gens ; il fut saisi de compassion* envers eux et guérit leurs malades » (v.14). Le Christ n’est pas seulement « saisi de compassion » par une foule. Il « est pris aux entrailles pour elle** ». Ce que signifie que Jésus était touché vraiment profondément en Lui. Cela nous amène au chapitre 9 du même Évangile où : « Voyant les foules, Jésus fut saisi de compassion envers elles parce qu’elles étaient désemparées et abattues comme des brebis sans berger » (Mt 9, 36).

     Dans notre scène, nous voyons aussi les disciples du Christ qui « conseillent » à leur Maître de renvoyer la foule. Leur réaction est tout à fait logique parce qu’il est tard, les gens sont nombreux et ils n’ont que « cinq pains et deux poissons ». Et évidemment ils ont été surpris quand le Christ leur a dit : « Ils n’ont pas besoin de s’en aller. Donnez-leur vous-mêmes à manger » (v. 16). Les disciples n’étaient pas encore prêts ; ils ne pouvaient qu’admirer avec quelle richesse la puissance de Dieu se déploie par les mots et les actes de leur Maître.

     Et nous……. ? Nous sommes déjà au-delà de deux milles ans lorsque cet événement s’est produit. Nous croyons que Jésus est le Messie envoyé par Dieu ; et ………. pourtant nous ne sommes pas loin du comportement des Apôtres. Confrontés aux problèmes de mon prochain et de ce monde, souvent nous sommes plutôt prêts d’argumenter « qu’il est tard et j’ai n’ai que cinq pains et deux poissons ». C’est-à-dire : c’est trop pour moi, je manque de moyens, de capacités, de compétences ; je ne sais pas quoi dire ; moi-même, je suis dans le besoin, etc. Néanmoins Jésus s’adresse à nous, ses disciples avec cet appel : « Ils n’ont pas besoin de s’en aller. Donnez-leur vous-mêmes à manger ». Il ne s’agit pas de donner quelque chose « à manger », que les gens peuvent trouver ailleurs (aide sociale, nourriture, conseil pratique pour leurs problèmes, etc.). Cela peut-être ainsi. Mais les gens (même quelques fois sans se rendre compte), ont faim d’un chemin, de la vérité, de la vie qui permettent d’avancer, de grandir malgré tout.

     La grâce de Dieu peut se fonder sur nos compétences et nos talents. Cependant elle donne sa plus belle preuve quand quand toutes nos possibilités humaines sont épuisées. Et quand nous ne savons quoi faire, comment le faire, quoi dire ; il nous suffit, comme Jésus, de « lever les yeux au ciel » et la réponse viendra. La réponse qui « rassasiera » pas seulement quelqu'un qui se tournera vers moi. Peut-être que nous levons nos yeux trop peu au ciel ?

     « Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas, vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ? Prêtez l’oreille ! Venez à moi ! Écoutez et vous vivrez (1 lecture).

++++++++

*Dans la traduction œcuménique de la Bible, édition Cerf 2012, nous lisons que Jésus « fut pris de pitié » pour la foule. Le mot « compassion » dans notre texte est plus approprié parce que le mot « pitié » (surtout dans langage populaire) peut exprimer la distance et même la domination.

** undefined - La Bible et Le Coran d'André Chouraqui en Ligne