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 196. Jr 31, 7-9, XXX Dimanche du Temps ordinaire, B, Réflexion 2024

Sœurs et Frères

    Ce dimanche, l’Église nous offre à méditer l’extrait d’un livre de l’Ancien Testament que nous avons déjà abordé. Je vous rappellerai seulement que ce livre du prophète Jérémie nous présente son long ministère qui s’étendit de 627 à 587 av. J.-C. Jérémie fut un personnage tragique, devenu malgré lui, celui qui prédit la destruction de Jérusalem et l’exil des Judéens à Babylone (l’Irak aujourd’hui). Cependant lui-même échappa à cette déportation en Mésopotamie, cette terre de païens, et il demeura à Jérusalem auprès de ceux qui avaient pu y rester.

   Ce prophète, qui avait annoncé la destruction, la chute de Jérusalem et l’avait lui-même vécue, change ici de discours : « Ainsi parle le Seigneur : Poussez des cris de joie …[pour] le reste d’Israël Voici que je les fais revenir du pays du nord, que je les rassemble des confins de la terre. » L’extrait de ce dimanche est en effet tiré de la partie du livre appelée « livre de la consolation » (chapitres 30-31). Une note de la TOB nous éclaire sur les deux versets remarquables qui composent notre texte. Et, je l’espère, cela nous permettra de mieux comprendre ce court extrait - sourire.
   Voici cette note : « Les chapitres 30-31 contiennent une série d’oracles qui tous décrivent l’avenir merveilleux du peuple de Dieu : maintenant dispersé et malmené, il va être ramené en Palestine et s’y grouper autour de Sion (Jr 31,6.12) dans des conditions entièrement renouvelées. Les plus anciens de ces oracles semblent être adressés à Israël du Nord ou Ephraïm (voir Jr 31,5-6.18.20), « premier-né » de Dieu (Jr 31,9.20) et postérité de Rachel (Jr 31,15), désireux de retourner à Samarie (Jr 31,5) ; ils sont donc parallèles à Jr 3,11-18 et datent peut-être de la même époque (début du ministère de Jérémie). Après la destruction de Jérusalem, ces oracles semblent avoir été réinterprétés en fonction de la nouvelle situation, c’est-à-dire étendus à Juda (voir Jr 30,3-4 ; 30,17 n. ; 31,23-27.31) et enrichis de quelques éléments nouveaux (voir 31,38-40) dont certains rappellent le style et la pensée d’Isaïe 40-55 (voir Jr 30,10 ; 31,10). Ces chapitres soulignent non seulement le caractère inévitable de la souffrance qui est l’éducation nécessaire (Jr 30,11.14 ; 31,18) du peuple récalcitrant (Jr 30,14-15 ; 31,19.32.37), mais aussi l’abondance de l’amour divin (Jr 31,3.20.32) et de la grâce qui va inscrire la volonté de Dieu au plus profond de l’être humain (31,31-34) »¹. Pour être plus précis encore, nous avons là un message initialement adressé aux Juifs exilés en Assyrie après la chute du Royaume du Nord (721 av. J.-C.), distinct du royaume de Juda dont le centre était Jérusalem. Et ce message, cette annonce des exilés du royaume du Nord, est repris par Jérémie pour donner de l’espoir aux exilés du royaume de Juda, déportés en Babylonie après le siège de Jérusalem (586 av. J.-C). Quoi qu’il en soit, le message de Jérémie est clair : Dieu n’a pas cessé d’aimer les Juifs du royaume de Juda, comme Il n’a jamais cessé d’aimer les Israélites du royaume du Nord.

    Après ces mises au point chronologiques et contextuelles, on pourrait évidemment me poser cette question : « Et alors Bogdan, en quoi ce message de l’Ancien Testament adressé aux Juifs nous concerne-t-il ? ». Ne vous inquiétez pas, je vais trouver des relations entre ce message et notre actualité – sourire.

Tout d’abord, Dieu est Celui qui rassemble. C’est Celui qui, toujours, veut rassembler « ses enfants » pour leur transmettre son amour et sa tendresse, pour leur manifester sa bienveillance. Et même les textes rédigés après Exil en témoignent (cf. Za 10,9-12 ; Jn 11,52). Quant à nous les chrétiens, Dieu veut nous rassembler, en Jésus Christ. C’est, je dirais, la « base » de toute initiative œcuménique.

   Je vois aussi des résonances, dans ce message, avec la vie personnelle de chacun de nous. En effet, Dieu en Jésus-Christ et par son Esprit Saint, veut rassembler tout ce qui est « dispersé » en nous. Il a toujours un message d’amour et d’espoir pour chacun et chacune, quelle que soit sa vie du moment. Il veut nous ramener de notre « exil ». Il ne s’agit pas, bien évidemment, d’un exil géographique. Mais d’un exil encore plus long à parcourir, parce qu’il se trouve dans notre cœur. C’est le chemin qui va de la méfiance à la confiance totale en Dieu. Dieu qui conduit l’histoire de ma vie. C’est pour cela, ma sœur, mon frère, que je laisse aussi à votre méditation (après la première lecture) ce message adressé à l’aveugle de notre évangile : « Confiance, lève-toi ; il t’appelle. »


Bon Dimanche à chacune et chacun de vous - sourire,
Votre frère, Bogdan

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¹Selon la note de la TOB pour Jr 30,1 - Traduction œcuménique de la Bible, édition du Cerf 2012.