Regroupe trois villages: GIGEAN, POUSSAN et MONTBAZIN
Père Bogdan LESKO, curé.

ANNONCES DU 6 au 15 DÉCEMBRE 2024

(Historique de l'agenda)

 195. Is 53, 10-11, XXIX Dimanche du Temps ordinaire, B, Réflexion 2024

 Sœurs et Frères

    Ce dimanche, le récit du prophète Isaïe est situé dans la partie du livre appelée « Second Isaïe » (chapitres 40-55 ; écrit au temps de l’exil du peuple hébreux à Babylone - VIᵉ siècle av. J.-C.) et précisément dans le « quatrième chant du Serviteur ». Ces chants, nous le savons, présentent « un parfait serviteur de Yahvé, rassembleur de son peuple et lumière des nations, qui prêche la vraie foi, qui expie par sa mort les péchés du peuple et est glorifié par Dieu »¹ (cf. réflexion n° 170).

Une note de la TOB vient éclairer le contexte de ce récit. Je vous la cite : « Pour certains, et principalement pour la tradition juive, le poème Is 52,13-53,12 met en scène l’Israël fidèle, broyée par l’Exil, et finalement comblée d’honneurs. Jean- Baptiste (voir Jn 1,29) et la tradition chrétienne appliquent ce texte à Jésus, le Serviteur absolument juste, capable de supporter, d’emporter et d’expier les péchés des foules humaines, finalement victorieux de la mort et attirant à lui des myriades d’hommes. Pour cette raison, Is 52,13-53,12 a souvent été appelé ‘le cinquième évangile’ »².

Si donc nous nous trouvons, comme le suggère cette note, dans ‘le cinquième évangile’, cela signifie qu’il y a une « bonne nouvelle » pour nous tous - sourire. Cependant essayons de ne pas identifier immédiatement le parfait serviteur d’Isaïe à Jésus-Christ (pour nous les chrétiens ce serait trop facile). Le but de notre réflexion est d’abord de découvrir ce que ce texte pouvait signifier pour les Juifs de l’époque. On peut penser que pour eux, ce « Serviteur souffrant » du texte, c’est le peuple d’Israël exilé en Babylonie. Et il y a là un message adressé à ce « reste d’Israël » qui vit sur la terre des païens, déraciné de tout – terres, maisons, et Temple, le cœur de sa foi. Un peuple « broyé par la souffrance ». Toutes proportions gardées, cette situation nous fait penser au départ douloureux des « Pieds noirs » dont la plupart, en quittant l’Algérie, perdirent leurs biens, leurs églises, etc. Et qui n’ont pas toujours trouvé un bon accueil en France.

     En outre, et je voudrais insister là-dessus, si le « Serviteur souffrant » représente Israël, ce Peuple était composé des cœurs de tous les individus, chacun unique dans son existence. Et chacune, et chacun devait se demander dans son cœur « broyé par la souffrance » : « Est-ce que Dieu est avec moi ? Est-ce qu’Il me guide toujours ? Est-ce que c’est possible de Lui être fidèle ? Est-ce que nous sommes toujours le peuple Élu de Dieu ? » N’oublions pas non plus, que ce « petit troupeau » exilé en Babylonie était la victime des erreurs politiques de son roi et de ses conseillers. Alors, dans un tel contexte, comment pouvait-il comprendre cette promesse de la « prolongation de ses jours » ? Comment pouvait-il espérer « voir la lumière » et avoir « la connaissance qui le comblerait ? » ; autant d’assurances énoncées dans notre texte.

   Je pense qu’on ne peut pas répondre à ces questions par des explications trop simples, trop « théoriques ». Cependant les paroles du psaume d’aujourd’hui peuvent nous éclairer, et sont valables à la fois pour les Juifs de l’époque et pour nous les chrétiens : « Nous attendons notre vie du SEIGNEUR : il est pour nous un appui, un bouclier ». Parce que la question est toujours la même : « Vers qui, vers quoi, peut se tourner mon cœur dans ma détresse ? Où peut-il chercher un appui ? »

    Les réalités de ce monde nous touchent tous - croyants et non-croyants. Et dans sa vie, chaque être humain peut n’avoir aucune prise sur ce qui lui arrive. Cependant, nous les chrétiens, nous pouvons compter sur Jésus-Christ. Pourquoi ? Parce dans son cœur, il est resté toujours fidèle à Dieu son Père. Et dans son cœur, Lui le « Serviteur juste » devant Dieu, Il a renversé parfaitement, la tendance de ce monde. Nulle part dans la Bible nous ne voyons Jésus répondre à la haine par la haine, aux offenses subies par la vengeance.

Ainsi donc, les Juifs exilés en Babylonie ont su préserver dans leur cœurs, Dieu qui donne la lumière et qui comble à sa manière. Comme eux, nous les chrétiens, nous sommes invités à témoigner autour de nous d’un Dieu qui vit en nous, quelles que soient les circonstances. Nous qui portons le nom si noble de « chrétiens » depuis de notre baptême, nous sommes invités à être à la hauteur de ce nom. Nous ne sommes pas baptisés en Christ pour suivre les tendances de ce monde, mais pour suivre le chemin de Jésus de Nazareth - qui chaque jour change ce monde par les choix des cœurs qui s’appuient sur Dieu. Des choix qui ne suivent pas les tendances de ce monde mais les choix de l’Évangile du Christ, pour combler de bonté ce monde chaque jour. Mais cela, dans l’évangile d’aujourd’hui, les disciples du Christ ne l’ont pas encore compris ; eux que nous voyons se disputer pour savoir qui sera le plus grand.

     Donc, à la fin, je propose à toi ma Sœur, à toi mon Frère, et à moi-même, ce passage de saint Paul à méditer :

« Je vous exhorte donc, frères, par la tendresse de Dieu, à lui présenter votre corps – votre personne tout entière –, en sacrifice vivant, saint, capable de plaire à Dieu : c’est là, pour vous, la juste manière de lui rendre un culte. Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait » (Rm 12,1-2).

 Bon Dimanche à toutes et tous

frère Bogdan

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¹Selon l’introduction au livre d’Isaïe de la Bible de Jérusalem page 1271, édition du Cerf 2000.

²Selon la note pour Is 53,12 de la TOB - Traduction œcuménique de la Bible, édition Cerf 2012.