Regroupe trois villages: GIGEAN, POUSSAN et MONTBAZIN
Père Bogdan LESKO, curé.

ANNONCES DU 12 au 20 OCTOBRE 2024

(Historique de l'agenda)

 189. Dt 4, 1-2.6-8, XXII Dimanche du Temps ordinaire, B, Réflexion 2024

Sœurs et Frères

   L’extrait de la première lecture à méditer pour ce Dimanche, provient du livre du Deutéronome. Celui-ci est le dernier livre du Pentateuque. Comme je vous l’ai expliqué dans une réflexion précédente, ce livre est, par tradition, attribué à Moïse. En réalité, il a été rédigé par l’« école deutéronomique » autour des VIIIe et VIIe siècle av. J.-C. Son nom « Deutéronome », signifie « seconde loi » par rapport à la loi donnée à Moïse au Sinaï – le Code de l’Alliance (voir Ex 20,22-23,18)¹. Autrement dit, même si ce livre est présenté comme un discours de Moïse aux Israélites, il est évident qu’il n’en est pas l’auteur. Cependant, au cours de l’Histoire, les Israélites qui se sont penchés sur les événements fondateurs du peuple Élu, le peuple choisi par Dieu, ont bien évidemment perçu que le personnage de Moïse était essentiel. C’est par lui que Dieu leur a donné la Loi au Sinaï - ce fondement qu’ils ne pourront jamais oublier.

    Nous trouvons donc, au quatrième chapitre de ce Deutéronome, un appel très clair à la fidélité à la Loi. Et il ne s’agit pas seulement de connaître cette Loi, mais aussi de mettre en pratique tous ses « décrets et ordonnances ».
    Quelqu’un pourrait me dire, comme souvent : « Sincèrement père Bogdan, cela concerne les Juifs. En quoi cette évocation de la Loi des Israélites d’un autre temps, peut-elle nous concerner aujourd’hui ? ». Bonne question provocatrice – sourire.
Tout d’abord, dans ce texte, l’auteur dit à ses compatriotes que toutes les lois de Dieu seront pour eux leur « sagesse » et leur « intelligence » aux yeux de tous les peuples. Une autre traduction parle de : « sagesse » et de « discernement »². Cela veut dire que ces « lois » permettront aux Israélites de choisir ce qui est bon et de reconnaître toujours ce qui est juste aux yeux de Dieu. A un point tel, que cela impressionnera même les autres peuples. Ceux-ci pourront dire à leur tour du peuple Élu : « Il n’y a pas un peuple sage et intelligent comme cette grande nation ! ». Dans une autre traduction nous lisons : « Certes, c’est un peuple sage et sagace, cette grande nation ! »².

    Mais par quoi, dans les lois des Israélites, les autres nations pourraient-elles se trouver impressionnées ? Tout simplement, comme nous le lisons dans le verset 8, par les « décrets et les ordonnances justes de toute cette Loi » Et comme nous le lisons aussi dans la traduction d’André Chouraqui, c’est grâce à « des lois et des jugements justes, comme toute cette tora »² que les Israélites seront considérés comme une « grande nation ». C’est d’ailleurs très intéressant de voir André Chouraqui utiliser le mot « tora » à la place du mot « Loi », comme dans notre traduction liturgique. Cela nous permet de mieux comprendre le sens de tout cela. En effet, le mot « tora » (ou tôrah), signifie (entre autres) : « instruction », « direction donnée ». Et même si ce mot « tora » ne nous est pas trop familier, nous savons ce que signifient « l’instruction et la direction donnée ». Parce que nous apprécions les gens bien instruits, parce que nous approuvons les parents qui, sans distinction de foi ou même non croyants, veulent donner une bonne direction à leurs enfants – n’est-ce pas ? - sourire.

    A présent, voyons le verset 7 de notre récit, car j’ai trouvé à son sujet, un éclairage très profond. Voici ce verset : « Quelle est en effet la grande nation dont les dieux soient aussi proches que le Seigneur notre Dieu est proche de nous chaque fois que nous l’invoquons ? ». Et en voici le commentaire que propose la Bible de Jérusalem : « Alors que les autres traditions du Pentateuque soulignent la distance qui sépare Dieu de l’homme, cf. Ex 33,20+, le Deutéronome insiste sur la condescendance qui rapproche Dieu de son peuple : il habite au milieu de celui-ci, Dt 12,5. Le même esprit deutéronomiste s’exprime dans le récit de la dédicace du Temple, 1R 8,10-29. On retrouve cette pensée dans Ez 48,35, et plus clairement exprimée encore dans le NT, Jn 1,14+ »³ (cf Dt 6,15 ; 7,21).

   Tout cela m’amène à une conclusion simple : quand nous lisons la Bible, ce n’est pas seulement pour en retirer un enseignement pour nous-même. C’est pour être instruits par « Quelqu’un », un « Autre », qui veut s’approcher de chacun et chacune d’entre nous, afin de lui donner de bonnes instructions pour sa vie. Afin de lui donner une bonne direction pour une vie droite. Voilà ce que nous découvrons quand nous lisons l’Ancien et le Nouveau Testament.

   Et saint Paul était bien conscient de tout cela : « Nous demandons à Dieu de vous combler de la vraie connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle. Ainsi votre conduite sera digne du Seigneur, et capable de toujours lui plaire ; par tout ce que vous ferez de bien, vous porterez du fruit et vous progresserez dans la vraie connaissance de Dieu (Col 1, 9b-10) ».

   Mais comme nous le prouve l’évangile de ce Dimanche, tout se décide dans notre cœur. Parce que c’est là que nous décidons qui nous voulons suivre.

Bon Dimanche à chacun et chacune de vous
votre frère Bogdan

P.S. La semaines prochaine, vous ne recevrez pas ma réflexion parce que je pars avec ma Communauté pour une retraite spirituelle.

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¹ voir plus dans l’introduction au Deutéronome de la TOB - Traduction œcuménique de la Bible, édition Cerf 2012.
² https://nachouraqui.tripod.com/id87.htm – Selon la traduction d’André Chouraqui en ligne.
³ Selon la note de la Bible de Jérusalem pour Dt 4,7. Éditions du Cerf 2000.