Regroupe trois villages: GIGEAN, POUSSAN et MONTBAZIN
Père Bogdan LESKO, curé.

ANNONCES DU 12 au 20 OCTOBRE 2024

(Historique de l'agenda)

 187. Pr 9, 1-6, XX Dimanche du Temps ordinaire, B, Réflexion 2024

Sœurs et Frères,

    Si vous lisez cette humble réflexion, vous pouvez être sûrs que son auteur est de retour – sourire. Cela vous convient, j’espère – clin d’œil avec sourire. Et, malgré la chaleur, je me suis mis aussitôt au travail. Donc ce dimanche, comme première lecture, nous avons un extrait du Livre des Proverbes. En ce qui concerne l’origine de ce livre (composition, rédaction), je vous ai déjà fait une solide introduction dans ma réflexion du XXXIIIe Dimanche du Temps Ordinaire (réflexion 155. Pr 31, 10-13.19-20.30-31). Alors, inutile de me répéter. Brièvement cependant, nous pouvons rappeler que ce livre est la collection, à travers plusieurs siècles et plusieurs traditions, de ce qu’est la vraie sagesse dans la vie d’un Être humain. La sagesse qui touche tous les domaines de la vie humaine. Autrement dit, ce livre nous présente les réflexions de « personnes sages », d’époques diverses, sur le sens de la vie, les vraies valeurs et tout ce qui est digne (ou pas) de la conduite de la vie d’un homme, et donc sur ce qui peut le rendre heureux.

   A présent, si nous observons de plus près l’extrait du jour, nous y trouvons une belle image de l’incarnation de la sagesse. Plus concrètement, il s’agit d’une « Invitation de Dame Sagesse » à un repas festif. Une note de la TOB souligne que la sagesse est ici parfaitement personnifiée, ce qui la met « au rang de personnalité singulière ». Ainsi, « la présence de colonnes dans sa ‘maison’ permet de rapprocher [celle-ci] des palais royaux et des temples »¹. Et ce n’est pas un hasard si, dans cette maison, nous trouvons sept colonnes : « En accordant au chiffre sept une valeur symbolique, on peut penser que cette demeure aux multiples colonnes veut signifier que la Sagesse possède une dignité royale déjà affirmée au chapitre 8 »². Sans oublier que « le nombre sept est ici le symbole de la perfection »³. Par conséquent, la référence à cette image d’un repas royal, nous permet de penser que la Sagesse de Dieu est quelque chose de splendide.



    Quelqu’un pourrait me dire ceci : « Cela est beau, mais de quelle sagesse s’agit-il ? ». La question est évidemment pertinente – sourire. Pour y répondre nous allons observer tout particulièrement le dernier verset de notre récit - « Quittez l’étourderie et vous vivrez, prenez le chemin de l’intelligence » (Pr 9,6). Le dernier mot de ce verset - l’intelligence - est bien connu de nous tous. Je ne parle pas bien sûr d’« intelligence artificielle » qui est en ce moment au cœur de grandes discussions dans notre société.
Toutefois, ce mot « intelligence » n’a pas exactement la même signification dans la Bible et dans notre langage quotidien. Au quotidien, nous apprécions les gens qui ont de grandes capacités intellectuelles, les gens que l’on dit « intelligents ». Mais en donnant à ce terme son sens biblique, on a pu traduire le verset autrement : « Abandonnez la niaiserie, vivez, et marchez sur la route du discernement ! »⁴. André Chouraqui traduit ici le mot « intelligence » par « discernement ».

    Cela étant, que pouvons-nous retirer de ce texte aujourd’hui ?
On peut tous s’accorder pour dire que l’intelligence n’est pas la même chose que la sagesse. Au quotidien, il ne s’agit pas seulement de faire un choix « intelligent », mais plutôt un choix juste pour sa vie. Pourquoi ? Parce qu’on peut faire un « choix intelligent », et je dirais « satisfaisant et profitable », en examinant toutes ses conséquences, le « pour » et le « contre ». Certes, mais ce n’est pas suffisant. Il n’est pas sûr que ce choix réfléchi m’apporte le vrai bonheur ; à moi personnellement comme à ceux qui, autour de moi, peuvent être directement concernées par le choix que je fais.
    Par ailleurs, dans la vie, chacun de nous pratique le discernement, naturellement sans y penser, quelles que soient ses convictions. Mais ce que nous dit le texte et qui nous concerne tous, c’est qu’il y a une condition pour prendre réellement le chemin du discernement (de l’intelligence) : nous devons d’abord abandonner la voie de l’étourderie (la niaiserie). Car, comme le précise le texte, c’est une question de vie - « Quittez l’étourderie et vous vivrez ». Autrement dit, on ne peut pas vraiment discerner si la « base » n’est pas solide et si nos intentions ne sont pas justes.

   Pour nous des chrétiens cette « base » c’est la présence de Dieu au cœur de notre discernement : « Le savoir commence avec la crainte du Seigneur ! Sagesse et instruction, l’insensé les méprise » (Pr 1,7). Et j’ajoute, pour éclairer mon propos, les Paroles de Dieu tirées de ce même livre des Proverbes : « Que ton cœur reçoive mes paroles, garde mes préceptes et tu vivras ; acquiers la sagesse, acquiers l’intelligence, n’oublie pas, ne te détourne pas de ce que dit ma bouche ; la sagesse, ne l’abandonne pas, elle te gardera, aime-la, elle veillera sur toi. » (Pr 4,4b-6). Sans oublier que pour nous les baptisés, c’est en Jésus-Christ que « se trouvent cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance » (cf. Col 2,3).

   Une dernière chose. L’image du repas dans le texte est présentée comme une invitation ; et comme à chaque invitation, on peut l’accueillir ou la refuser. Cela ne dépend que de nous.

Bon Dimanche à chacune et chacun de vous, dans la fraicheur que donne la Sagesse qui vient de Dieu - sourire,
Votre frère, Bogdan

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¹’² Selon la note de la TOB pour Pr 9,1. Traduction œcuménique de la Bible, édition du Cerf 2012.
³ Selon la note de la Bible De Jérusalem pour Pr 9,1. Éditions du Cerf 2000.
⁴ https://nachouraqui.tripod.com/id74.htm – Selon la traduction d’André Chouraqui en Ligne.