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Père Bogdan LESKO, curé. ANNONCES DU 21 AU 29 SEPTEMBRE 2024(Historique de l'agenda) |
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184. Ez 2, 2-5, XIV Dimanche du Temps ordinaire, B, Réflexion 2024
Sœurs et Frères
La première lecture de ce dimanche est un extrait du livre d’Ézékiel (ou Ézéchiel, selon les graphies) que nous avons déjà évoqué. Vous vous souvenez donc du contexte dans lequel ce livre a été rédigé, il n’est pas nécessaire que je me répète, n’est-ce pas ? Je peux aller immédiatement droit au but – sourire. Ézékiel, déporté à Babylone en 597 avant J.-C., fut appelé auprès de ses compatriotes, pour une mission qui se présentait plutôt mal. En effet, selon notre texte, Dieu l’envoie « vers une nation rebelle qui s’est révoltée contre [Lui] ». Nous lisons aussi que « les fils ont le visage dur, et le cœur obstiné ». J’ignore comment on pourrait le traduire en hébreux, mais en français il serait juste de dire : « Franchement, pas de bol d’accomplir une mission dans un tel contexte ! » Toutes proportions gardées évidemment, cela ressemble à la mission d’un curé à qui l’on confierait une paroisse où ni Jésus, ni lui-même ne sont vraiment attendus... Rassurez-vous, je ne parle pas de Bogdan, parce que là où son évêque l’a envoyé, il est toujours attendu « plus que le Pape » – clin d’œil et sourire.
Mais revenons au texte. Il est utile de se pencher sur cette expression « le visage dur, et le cœur obstiné », même si les mots sont bien compréhensibles. Dans la Bible de Jérusalem nous trouvons cette précision : « Toute une série de formules sert, en hébreu, à exprimer l’obstination ; littéralement ‘nuque’, ‘visage’ ou ‘cœur raide’ ; ‘front’ ou ‘cœur dur’. Mais l’expression ‘cœur dur’ en français évoque l’égoïsme et non la révolte ou l’entêtement ; on traduira donc par ‘cœur obstiné’, bien que le même terme soit rendu ailleurs par ‘raide’, ‘dur’ ou ‘endurci’ »¹ (cf. Dt 9,6,13). Cette note souligne qu’il ne s’agit pas, dans la phrase, d’un égoïsme « temporaire », d’un moment de doute ou de faiblesse. Il s’agit au contraire d’une attitude déterminée et ferme. Je dirais d’un « barrage » dans le cœur, qui conduit ces hommes jusqu’à rejeter non seulement un prophète envoyé par Dieu, mais Dieu Lui-même.
Ce récit ne concerne pas seulement les Israélites en exil, qui probablement se sentaient accablés et abandonnés par leur Dieu, et qui, en conséquence, s’étaient tournés vers les dieux des païens. Ce récit nous dévoile, entre autres, que si l’on peut être choisi par Dieu comme le Peuple élu, comme un chrétien par le baptême, on peut aussi parfois rejeter Dieu comme Maître et Guide de sa vie. On peut, dans les moments de détresse, oublier très vite tous les bienfaits que Dieu nous a prodigués, à nous et nos ancêtres.
Ce constat est d’ailleurs universel et ne concerne pas seulement les croyants. La mission de vivre en « vérité » nous concerne tous, même si nous les chrétiens, nous avons cette chance de pouvoir toujours vivre en « Vérité » ; cette « Vérité » qui est Jésus-Christ. Parce que dans la splendeur de Sa propre nature, chaque être humain est capable de reconnaître la vérité de telle ou telle situation. Et si nous avons la liberté de rejeter cette Vérité, sachons combien c’est dangereux ! Parce que cette vérité, qui m’est destinée et me fait vivre, n’est remplaçable par rien d’autre.
Quelqu’un pourrait me poser la question suivante : « Que faire quand je suis rejeté par mes proches comme Ezékiel ou Jésus ont été rejetés par les leurs ? » Malgré tout, comme eux et les autres prophètes, je peux toujours poursuivre mon chemin, en faisons confiance à l’Esprit qui est en moi, ce souffle de Dieu qui me permet d’avancer. L’Esprit qui me donne la force pour ne pas tomber dans les pièges du laxisme et du conformisme. Personne n’est capable de prévoir comment les gens vont réagir, pas même Ezékiel et Jésus. Mais, comme eux, chacun de nous est toujours en mesure de répondre : « Est-ce que je préfère être rejeté par les autres ou rejeter l’esprit - l’Esprit pour les croyants - qui me guide, qui est la « centrale nucléaire » qui alimente ma vie. » Tout être qui prend sa propre vie au sérieux, n’échappera à la question de savoir s’il préfère une vie facile ou une vie pleine de sens. Mais s’il se bat, malgré tous les obstacles, pour avoir une vie pleine de sens, celle-ci portera tôt ou tard ses fruits - pour lui, mais aussi pour les autres. Il lui faut seulement savoir d’où il vient et où il va, comme c’était le cas d’Ézékiel et du célèbre prophète de Nazareth.
Bon Dimanche à chacune et chacun de vous,
Votre frère, Bogdan
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¹Selon la note pour Ez 2,4 de la Bible Jérusalem, édition du Cerf 2000.