Regroupe trois villages: GIGEAN, POUSSAN et MONTBAZIN
Père Bogdan LESKO, curé.

ANNONCES DU 21 AU 29 SEPTEMBRE 2024

(Historique de l'agenda)

 179. Ex 24,3-8, Solennité du Corps et du Sang du Christ, B, Réflexion 2024

Sœurs et Frères

    Après la fête de la Sainte Trinité, nous fêtons aujourd’hui solennellement le Corps et le Sang du Christ. Mais, à vrai dire, que célébrons-nous exactement dans notre Église catholique ce dimanche ? Un rituel bien détaillé, une « mise en scène » interprétée plus ou moins bien par un prêtre ?
     Pour approcher ce mystère, l’Église nous donne la Parole de Dieu. D’ailleurs, nous savons bien que pendant la Messe, avant de nous approcher de la table eucharistique, nous sommes invités à la table de la Parole de Dieu.

     A ce propos, approchons-nous de la première lecture, tirée du deuxième livre de la Bible, même si ce texte nous parle d’un événement concernant la religion juive. De fait, cette partie du livre relate les événements fondateurs de cette religion – l’Alliance au Sinaï. Donc, après la manifestation de Dieu - ou théophanie - (Ex 19,9-25) les Juifs ont reçu le Décalogue (Ex 20,1-21) et toutes les lois qui s’en suivent, c’est-à-dire « le code de l’Alliance » (Ex 20, 22 – 23,33). Quant à notre texte, il est la conclusion solennelle de l’Alliance entre le Israélites et Dieu par l’intermédiaire de Moïse. Nous lisons au verset 4 que ce dernier « écrivit toutes les paroles du Seigneur ». Il est bon de rappeler qu’à cette époque « dans l’ancien Orient, lors d’une alliance (voir Ex 19,5 n.), on déposait dans les temples de l’un et l’autre partenaire, un document écrit qui devait être lu périodiquement »¹. D’autre part, soulignons l’importance qu’avait à cette époque le signe du sang. C’est ainsi que Moïse, « intermédiaire entre Yahvé et le peuple, les unit symboliquement en répandant sur l’autel qui représente Yahvé, puis sur le peuple, le sang d’une même victime. Le pacte est ainsi ratifié par le sang (cf. Lv 1,5 n.), comme la Nouvelle Alliance le sera par le sang du Christ (Mt 26,28 n. ; He 9, 12-26 n.) »².



     Si d’ordinaire, dans mes réflexions hebdomadaires, je me concentre sur la première lecture, cette fois-ci, je ne peux ignorer notre évangile parce qu’il nous prouve à quel point la célébration de cette Alliance entre Dieu et le peuple Élu est importante pour les Juifs. En effet, dans le texte de Marc, nous voyons Jésus, un Juif pratiquant, qui désire célébrer avec ses disciples la grande fête juive « Pessah » (la Pâque). Cette fête actualisait la libération des Israélites d’Égypte et l’Alliance éternelle entre Dieu et son peuple par l’intermédiaire de Moïse. Ce jour-là, la famille mangeait l’agneau et aussi des pains azymes (pain sans levain : une « matsah ») en souvenir de la sortie précipitée d’Égypte ; en effet, le temps avait manqué pour faire lever la pâte. Et notre Église est restée fermement attachée à la tradition puisqu’elle utilise pendant la messe des hosties faites de pain azyme. En outre, au début des préparatifs de cette fête, les familles juives commençaient par se débarrasser de tout le levain de la maison. Pourquoi ? Parce que ce levain leur rappelait la servitude égyptienne, alors même que Dieu avait libéré son peuple pour une vie nouvelle.

    Pour nous, chaque Eucharistie est un appel à cette vie nouvelle symbolisée par le pain azyme. Ce pain sans levain est aussi le symbole de notre propre libération de l'esclavage du péché. Je dirais même que nous devons aussi nous débarrasser de tous les levains de notre vie, pour qu’à chaque messe, la Parole de Dieu – les mots sacrés, le Corps et le Sang du Christ - « tombe » dans un cœur pur. Et c’est la raison pour laquelle il est bon que, dans notre religion, nous puissions profiter du sacrement de réconciliation avec Dieu (et avec nous-mêmes par conséquent). Et il est bon aussi qu’au début de chaque Eucharistie, nous ayons un rite pénitentiel qui est un appel à la miséricorde divine.

    Quelqu’un pourrait me dire ceci : « Père Bogdan, il y a des nombreux liens dans notre Eucharistie, notre culte et notre doctrine, avec la religion juive ». Oui, c’est vrai ! La connaissance des Juifs est importante pour nous les chrétiens. Cependant ce qui est plus important, ce ne sont pas seulement les « correspondances » entre ces deux religions ! Ce qui est plus important, c’est la réponse qu’un Juif donne à l’alliance de Yahvé avec lui ; c’est aussi la réponse d’un chrétien à l’alliance de Dieu, en Jésus-Christ, avec lui.

    Et pour revenir à notre première lecture, est-ce que nous les chrétiens catholiques, réunis ensemble à la Messe, nous répondons dans nos cœurs : « Tout ce que le Seigneur a dit, nous le mettrons en pratique, nous y obéirons. » ?
    Est-ce que nous considérons que ces mots du Christ, que le prêtre prononce à chaque liturgie eucharistique - « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude » - que ces mots nous sont adressés personnellement ? Est-ce que je suis conscient que, dans une paroisse, quel que soit la « multitude » des personnes qui participent à l’Eucharistie, chaque « Oui » permet à chacun de vivre une alliance intime et personnelle avec Dieu, en Jésus Christ et dans la puissance de l’Esprit Saint ?

Bonne fête de la Solennité du Corps et du Sang du Christ à tous, de notre alliance eucharistique avec Lui,
Votre frère Bogdan

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¹voir la note pour Ex 24,4 de la TOB - Traduction œcuménique de la Bible, édition du Cerf 2012.
²voir la note pour Ex 24,8 de la Bible Jérusalem, édition du Cerf 2000.