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Père Bogdan LESKO, curé. ANNONCES DU 21 AU 29 SEPTEMBRE 2024(Historique de l'agenda) |
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176. Ac 1, 15-17.20a.20c-26, VII Dimanche de Pâques, B, Réflexion 2024
Sœurs et Frères
Selon notre calendrier liturgique, nous sommes toujours dans le temps pascal et, précisément, après l’Ascension du Christ ressuscité et avant la Pentecôte – la venue du Saint Esprit. Notre première lecture, toujours tirée des Actes des Apôtres, se situe entre ces deux événements et nous retrouvons donc Pierre et les autres disciples à Jérusalem, peu de temps après la résurrection de Jésus-Christ. Et là, nous pouvons constater que Pierre ne « chôme » pas (comme on dit en France - sourire). Il « se leva au milieu des frères » pour choisir celui qui allait remplacer Judas (Iscariote). Cela afin que le groupe des « Douze » soit au complet pour accomplir la mission confiée par Jésus avant son Ascension - « Vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » (Ac 1,8).
Tout d’abord, nous pouvons être étonnés par la façon dont Matthias fut choisi et « associé par suffrage aux onze Apôtres ». A première vue, ce choix peut nous paraître relever du hasard car, pour trancher entre les deux candidats retenus, les disciples tirèrent « au sort, et le sort tomba sur Matthias ». Mais en réalité, ce choix ne résulte pas du « pur hasard », ni d’ailleurs d’un quelconque entretien d’embauche avec questions à cocher… Pour cette belle mission de témoin de la résurrection de Jésus-Christ, il n’y avait qu’une seule condition à remplir : avoir suivi Jésus de Nazareth avec les Douze « depuis le commencement, lors du baptême donné par Jean, jusqu’au jour où il fut enlevé d’auprès de nous ». Autrement dit, un seul critère était indispensable – être, dans son cœur, proche de Jésus Christ et de son chemin. Quant à la suite, les disciples la laissèrent à Dieu en se tournant vers Lui par cette belle prière, « Toi, Seigneur, qui connais tous les cœurs …... » et, selon la coutume, en tirant au sort.
Ce passage du texte nous interpelle. Nous vivons dans un monde où nous devons souvent donner des preuves de notre compétence pour avoir un poste de « rêve » ou pour « appartenir » à tel ou tel groupe. Certes cela peut se justifier - on ne confie pas la conduite d’un bateau à un novice inexpérimenté. Cependant, pour un chrétien, c’est toujours une affaire de cœur – un cœur qui suit chaque jour son seul Maître et Seigneur, Jésus le Christ. Pourquoi ? Parce qu’un jour chacun de nous peut être reconnu par l’Esprit de Dieu comme celui qui - à l’image de Matthias - est appelé pour une mission plus importante au sein de l’Église. Aujourd’hui, par exemple, c’est le cas des hommes mariés qui deviennent diacres ; c’est le cas des laïcs, hommes et femmes, qui font partie des conseils pastoraux ; ceux du Pape, des évêques et des curés (je profite de l’occasion pour saluer mon propre conseil pastoral composé en majorité de femmes - sourire).
Mais il y a aussi, dans cette première lecture, une présence que, personnellement, je ne peux pas ignorer. Il s’agit du personnage de Judas, mentionné également dans l’évangile de ce dimanche - non pas nominativement mais de manière indirecte (Jn 17,12). En effet, ce que Pierre nous dit de lui nous concerne tous, et pas seulement ceux qui croient en Dieu. Pierre rapporte ceci : « Ce Judas était l’un de nous et avait reçu sa part de notre ministère ». Et il précise que Judas « a déserté la place » qui était pour lui.
Cela nous dit beaucoup de choses concernant notre Église, mais aussi notre société. Dans l’Église tout d’abord, les chrétiens ne peuvent se démettre de leur place de chrétien qui suit chaque jour le Christ. Parce que cette place est unique et ne peut être occupée par aucun suppléant : « Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel devient fade, comment lui rendre de la saveur ? Il ne vaut plus rien : on le jette dehors et il est piétiné par les gens. Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison » (Mt 5,13-16).
C’est la même chose dans notre société. Un père ne peut pas déserter sa place de père auprès de son propre enfant ; un mari ou une épouse, ne peut pas non plus déserter sa place auprès de son conjoint. Et le curé d’une paroisse ne peut pas non plus déserter sa place en étant, par exemple, seulement un « fonctionnaire » qui gère sa paroisse « administrativement ».
Personne ne peut se retirer de sa vraie place, de sa mission primordiale. Parce que, même si les conséquences n’étaient pas aussi dramatiques que pour Judas, elles pourraient être irréversibles ; irréversibles, non seulement pour celui qui abandonne sa place, mais aussi pour ceux qui sont les victimes de cet abandon.
Bon Dimanche pour tous,
votre frère Bogdan