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Père Bogdan LESKO, curé. ANNONCES DU 21 AU 29 SEPTEMBRE 2024(Historique de l'agenda) |
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151. Is 25,6-10a, XXVIII Dimanche du Temps Ordinaire, A, Réflexion 2023
Sœurs et Frères
Aujourd’hui j’attaque directement le texte biblique pour mieux vous offrir « un petit coup d’humour » à la fin de ma réflexion. Soyez donc patients – sourire. Nous sommes, comme la semaine dernière, dans « Isaïe Premier » - chapitres 1-39 - et précisément dans ce que l’on appelle « l’Apocalypse d’Isaïe » (chap. 24-27). Dimanche dernier, je vous ai dit que dans cette grande partie du texte (1-39), nous trouvons de nombreuses malédictions adressées par le prophète à ses compatriotes. Cependant, aujourd’hui, nous sommes les témoins d’une promesse incroyable, celle d’un festin pour tous les peuples - pas seulement pour les Juifs -, un « festin divin » destinés à tous.
Pour nous, cette promesse peut paraître intéressante mais, en même temps, je dirais « évidente ». Pour les Juifs au contraire, elle devait être absolument surprenante, compte tenu du contexte ; en effet, ce récit a probablement été écrit pendant ou après l’Exil à Babylone (VIe siècle av. J.-C.). A ce moment-là les Juifs avaient tout perdu, et pas seulement leurs maisons et leurs terres mais aussi le Temple de Jérusalem, ce lieu le plus important et le plus saint pour eux. Et cette perte n’était pas seulement d’ordre culturel et religieux, elle affectait aussi la vie communautaire.
Dès lors, à la lumière de ces événements tragiques et désespérants, nous pouvons mieux comprendre cette annonce que fait le prophète Isaïe. C’est une annonce qui renouvelle le lien de tous les Juifs avec Dieu, en Qui ils peuvent mettre à nouveau tout leur espoir. (Voir la note en bas de page)¹.
Je voudrais aussi revenir sur cette promesse que fait Dieu - et qui peut nous paraître énigmatique - de faire disparaître le « voile de deuil qui enveloppe tous les peuples et le linceul qui couvre toutes les nations » et donc « la mort pour toujours » (versets 7 et 8). Dans la note de la TOB nous lisons que « ce voile recouvre les visages (voir 1 R 19,13) pour empêcher de voir et de comprendre (Is 9,10-12; voir 2 Co 3,13-18) ou, plus souvent, comme un signe de deuil {2 S 15,30 ; 19,5 ; Jr 14,3-4 et aussi Est 6,12; on trouve effectivement ‘la mort’ au verset 8, comme complément du même verbe}. Le mot apocalypse signifie précisément dévoilement et il est employé à propos des nations dans le cantique de Siméon (Lc 2,32) »².
Quelqu’un parmi mes lecteurs pourrait dire ceci : « Bogdan, vous donnez tellement d’explications que je me sens perdu. Ce que je voudrais savoir, c’est en quoi tout cela peut me faire réfléchir à ma propre relation avec Dieu ?». Alors, revenons tout d’abord sur les signes du voile et du linceul – signes de la mort et du deuil, de la disparition de quelqu’un dans notre vie. Autrement dit, signes de l’effacement, à jamais, d’une partie de l’existence qui nous était chère. Ils sont aussi les signes de notre souffrance et du sentiment d’impuissance devant des réalités qui nous dépassent. Cependant, même si inévitablement dans notre vie, nous ne sommes pas épargnés par des évènements qui nous laissent anéantis, rien n’est plus fort que notre lien vital avec Dieu ; ce lien qui nous sauve et qui nous permet toujours d’espérer, même au-delà du désespoir, de la mort spirituelle et aussi de la mort physique.
Autre éclairage. Nous ne pouvons pas oublier qu’en Israël le banquet était le signe d’un lien fort, de l’« unité » avec celui qui invite à la fête. A ce sujet, l’évangile nous prouve que nous sommes libres de rejeter ou d’abandonner ce lien, de le « mettre à côté » en choisissant quelque chose d’autre : « un champ, un commerce », comme dit le verset 5 de notre évangile. Et pourtant, sans ce lien, sans cette relation avec Dieu à qui je donne la priorité - en revêtant le « vêtement de noce » - je ne peux pas participer réellement au banquet. Autrement dit, il ne s’agit pas d’assister à la fête, il s’agit plutôt de savoir, dans mon cœur, pourquoi je suis présent à cette fête.
Une dernière remarque. Ce récit n’est pas seulement une prophétie dont le but était « de remonter le moral » des Juifs. C’est un appel qui me dit qu’avec Dieu dans ma vie, il y a toujours la perspective de la vie en abondance, malgré tout. Il suffit de croire que :« Le Seigneur est mon berger :je ne manque de rien » (…),« Si je traverse les ravins de la mort,je ne crains aucun mal,car tu es avec moi,ton bâton me guide et me rassure » (Ps 22 (23).
Bon Dimanche à vous tous, votre frère Bogdan – sourire.
P.S. Et à la fin, encore une fois, je vous demande de me donner la preuve de votre patience - sourire. Vous ne recevrez pas ma réflexion dimanche prochain, parce que je serai à Rome avec les jeunes de l’école Saint Joseph de Sète (leur aumônier ne peut pas y aller). Mais, que cela reste entre nous, ce n’est qu’une « couverture »…Vous savez qu’actuellement, nous avons à Rome (du 4 au 29 octobre) la première session générale du Synode sur la synodalité (du 4 au 29 octobre 2023). Alors sur ce sujet, notre Pape a demandé à un curé ordinaire, du Sud de la France, quelques conseils ; dans la coulisse évidemment – clin d’œil avec sourire.
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¹« Nous passons à un thème différent, celui du festin que le Seigneur va donner, dans la tradition des banquets sacrés qui accompagnaient les sacrifices de communion, notamment aux jours de fête (voir Ex 24,11 ; Dt 16,13-15 ; 1 S 9,13 ; Ne 8,10-12). Ce festin aura lieu sur cette montagne (celle de Jérusalem, voir v. 7 ; 27,13 et surtout 24,23, le seul autre passage des ch. 24-27 où on retrouve le titre le Seigneur de l’univers) et pour tous les peuples (voir contexte cosmique de 24,23 et grand rappel des dispersés d'Israël en 27,13, au son de la trompe liturgique comme Lv 25,9 ; Jos 6,4-13) : on retrouve les peuples associés à la montagne de Sion et au culte qui s'y célèbre en 2,2-3; 11,9-10; 16,1; 18,7; 55,6-7; 60,11-14 ; voir Za 8,20-22 ; 14,16. Ce festin universel ouvre une ère nouvelle (voir 55,1-2, en tête du dernier ch. du Deutéro-Esaïe) et on le retrouvera dans le festin messianique souvent mentionné par le N.T. (Mt 8,11 ; 22,2-10; Le 14,15-24; Ap 19,9) » - la note de TOB pour Is 25,6- Traduction œcuménique de la Bible, édition Cerf 2012.
²selon la note de la TOB pour Is 25,7.