Regroupe trois villages: GIGEAN, POUSSAN et MONTBAZIN
Père Bogdan LESKO, curé. ANNONCES DU 21 AU 29 SEPTEMBRE 2024(Historique de l'agenda) |
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147. Ez 33, 7-9, XXIII Dimanche du Temps Ordinaire, A, Réflexion 2023
Sœurs et Frères
Ce Dimanche, notre première lecture est un extrait du livre du prophète Ézéchiel. Mais avant de nous pencher sur ce texte, il me paraît nécessaire de vous dire quelques mots sur ce prophète, si important pour la religion Juive. Ezéchiel vécut à peu près à la même période que Jérémie (627 à 587 av. J.-C.) et comme lui, il reçut (en 592 av. J.-C) un appel personnel et particulier à être prophète (voir Ez 2,1-3.8a). Il exerça son ministère jusque vers 570 av. J.-C. Comme Jérémie encore, il était issu d’une famille sacerdotale, vivait près de Jérusalem et il fut témoin de l’effondrement politique du royaume de Juda comme du retour à l’idolâtrie de ses compatriotes. Cependant, contrairement à Jérémie, Ézéchiel fut déporté à Babylone, en 597 avant J.-C, avec la cour du roi Jojakin. Et c’est là-bas, dans cette terre d’exil, qu’apprenant la destruction du Temple de Jérusalem par les Babyloniens (587 av. J.-C.), il annonça une vie nouvelle pour ses compatriotes. Il reçut de Dieu des visions et il prédit le renouvellement et la transformation d’Israël. Autrement dit - la restauration nationale et spirituelle du Peuple Élu. Et, je pense (et vous serez, mes chers lecteurs, certainement d’accord avec moi, comme d’habitude – clin d’œil et sourire) que ce n’est pas un hasard que son nom signifie « Dieu renforcera ».
Nous sommes donc au début de cette grande partie du texte d’Ézéchiel dans laquelle il prêche ce renouvellement (chapitres 33 – 48), et notre extrait est aussi intéressant que fort, écrit avec des mots qui ne nous laissent pas d’illusions… Intéressant, parce que le prophète « ne se préoccupe pas seulement de la maison d’Israël dans son ensemble, mais aussi de chacun de ses membres, qu’il soit juste ou méchant ». Et selon la note de la TOB, « c’est un esprit assez nouveau qui se manifeste ici » (cf. Ez 3,18 et voir aussi chapitre 18).
A l’observation, il s’avère que les paroles d’Ezéchiel sont difficiles à accueillir tant elles sont dures, catégoriques, et peu adaptées à notre époque. Mais, je pose la question : « Le sont-elles vraiment » ? En effet, ce texte est toujours actuel. Je m’explique. On observe tout d’abord qu’avant notre extrait, le récit d’Ezéchiel expose ce qu’était, à l’époque, la mission d’un guetteur. Celui-ci devait surveiller la muraille de la ville pour avertir les habitants en cas de danger, en sonnant du cor pour donner l’alarme. Son rôle était donc très important car il concernait la vie des gens. Le guetteur, effectivement, devait avoir le souci de l’autre.Dans ce contexte, nous pouvons mieux comprendre les paroles du prophète. La mauvaise conduite d’une personne peut avoir une grande importance pour sa vie ainsi que pour la vie d’autrui. Et cela peut être même une question de vie ou de mort. Il ne s’agit pas d’un problème de transgression de la loi ou de moralité ; il s’agit d’un choix qui peut nous amener à la mort spirituelle - le péché, ou même physique. Ézéchiel nous explique là, clairement, que nous sommes tous responsables les uns des autres, et que cette responsabilité nous engage.
Comme illustration je peux vous donner un exemple de mon enfance. A l’époque, dans mon pays, un gamin ne pouvait pas faire trop de bêtises sans que ses parents le sachent, parce que les gens du quartier ou du petit village se connaissaient tous. Chacun pouvait réprimander l’enfant fautif ou informer ses parents de sa mauvaise conduite. Par conséquent, les parents étaient déjà au courant avant même le retour de leur gamin (tous n’avaient pas le téléphone à la maison). J’ai choisi cet exemple parce que cette semaine, j’ai entendu à la radio une femme de Marseille dire que « si nous avons davantage de jeunes, de plus en plus jeunes, victimes de règlements de compte entre trafiquants de drogue, c'est la faute de l’État, c’est lui le responsable ». Évidemment le problème est grave, et complexe à la fois.Cependant, dans le cas précis, ce jeune de 14 ans ne pouvait se trouver au « poste » d’un dealer de drogue par hasard. Et je ne crois pas non plus, que personne parmi son entourage n’ait été au courant de son « activité » (famille, amis, camarades de classe, etc.). Ainsi le problème de notre société est très profond : j'ai l’impression que nous ne nous sentons pas responsables de la vie les uns des autres. On a, au contraire, plutôt tendance à veiller sur notre « chez soi ». On ne veut pas trop voir ce qui se passe chez « l’autre », même s’il fait quelque chose de mal. C’est de cette façon que nous nous retrouvons avec la guerre en Ukraine. Les politiciens tolèrent le mal commis par Mr P. dans son pays et ailleurs, parce que les affaires avec la Russie sont plus importantes pour eux.
Une dernière chose - que quelqu’un nous écoute ou non est une autre affaire. Nous n’avons plus aucune influence là-dessus. Par contre, nous pouvons toujours dire à quelqu'un ce qui peut l’amener dans un « trou » et ce qui peut en résulter pour la vie d’autrui.
Bon Dimanche à tous,
Votre frère Bogdan
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¹voir la note pour Ez 3,18 de la TOB - Traduction œcuménique de la Bible, édition du Cerf 2012.