Regroupe trois villages: GIGEAN, POUSSAN et MONTBAZIN
Père Bogdan LESKO, curé.

ANNONCES DU 21 AU 29 SEPTEMBRE 2024

(Historique de l'agenda)

 146. Jr 20,7-9, XXII Dimanche du Temps Ordinaire, A, Réflexion 2023

Sœurs et Frères

    Comme je vous l’annonçais la semaine dernière, je vais me lancer, pour mes réflexions hebdomadaires, dans les textes de l’Ancien Testament. Je pense notamment à la Première Lecture mais aussi, éventuellement, au Psaume qui la suit et qui, souvent, dans son contenu, se réfère à elle. Nous ne pouvons pas oublier que Dieu nous parle dans ces textes, dans ces Paroles, comme Il parlait à son Peuple, le Peuple Élu. Et aujourd’hui, la première lecture nous présente un personnage très important pour les Juifs – le prophète Jérémie. Vous vous souvenez que dans l’évangile de dimanche dernier, parmi les grands personnages de la religions Juive auxquels la foule comparait Jésus, se trouvait aussi Jérémie (voir Mt 16, 13-20).

Nous allons donc à la rencontre d’un prophète qui eut un long ministère, environ 40 ans, (627 à 587 av. J.-C.). Il fut le témoin de la grande réforme religieuse du roi Josias et, après la mort de celui-ci, du retour à l’idolâtrie de ses compatriotes. Il s’opposa vigoureusement à cette tendance ainsi qu’à la politique des rois qui succédèrent à Josias. Il prédit la destruction de Jérusalem, ainsi que l’exil des Judéens à Babylone. L’élite du pays était réfractaire à ses prophéties et il eut beaucoup à souffrir de ses compatriotes durant son ministère. Il fut même emprisonné durant le siège de Jérusalem parce qu’il avait été condamné à la mort par les siens (mais finalement sauvé par Nabuchodonosor, roi de Babylone qui s’empara de la ville).

    La brève biographie de ce prophète va nous permettre de mieux comprendre le court passage du livre de Jérémie qui constitue notre première lecture. Dans ce texte, nous nous rapprochons au plus près des penses intimes d’un homme en proie à une détresse extrême. La crise qu’il traverse est si profonde qu’il en vient à maudire le jour de sa naissance (cf. Jr 20,14-15), lui qui fut pourtant appelé dès le sein de sa mère (cf. Jr 1,5). D’après la note de la Bible de la Jérusalem, nous constatons que « Ces images de séduction et de lutte marquent l’emprise de Yahvé sur le prophète. Ce dernier semble ici se rebeller contre un Dieu qu’il tient pour responsable de son malheur. L’expression d’un tel désespoir est rare dans la Bible (cf. pourtant Jb 3,1s ; Ps 88). Mais Jérémie garde la certitude que Yahvé est le Dieu de la Grâce, et, au cœur même de son angoisse, il pousse un cri d’espérance, - voir Jr 11-13 »¹.

    A présent, quelqu’un pourrait me dire ceci : « Et alors Bogdan, qu’est-ce que je pourrais tirer de cette première lecture et de toutes ces explications, pour moi personnellement ? ». Je dirais, pas mal des choses – sourire. Juste quelques remarques parce que la page à remplir a ses limites – sourire.

Tout d’abord, Jérémie, malgré son drame, dit à Dieu, en toute sa liberté, ce qu’il a contre Lui. Il maudit le jour de sa naissance devant Celui qui lui a donné la vie. Et quand il a, disons, « vidé son sac », il découvre que Dieu et sa Grâce est encore plus profond que son angoisse. Il ne peut pas « se débarrasser » de l’amour de Dieu qui l’a créé et qui l’a façonné, parce que son cœur « brûle » de son amour. Et il ne peut pas renfermer ses Paroles en lui-même parce que cela l’épuise. Son expérience de Dieu, celle d’un être humain de chair et de sang, est très parlante, même pour nous. Elle prouve que là où il y a la vraie et profonde expérience de la présence de Dieu, même dans la plus grande détresse de la vie, émergera dans notre cœur un petit ruisseau d’espérance. Et ce dernier peut devenir un fleuve pour la vie des autres.

    Aujourd’hui, nous n’avons pas à crier et à proclamer « Violence et dévastation ! ». Il sera suffisant de vraiment écouter Dieu, de dire la vérité, de ne pas être « politiquement correct » pour sauver sa vie, mais de se donner la chance que Dieu vienne à notre secours. Une dernière remarque. Chacun de nous peut se trouver « dans la mouise » sans l’avoir cherchée ; mais il dépend de nous d‘y être avec Dieu ou sans Lui.« Quel avantage, en effet, un homme aura-t-il à gagner le monde entier, si c’est au prix de sa vie ? »

  A la fin, je vous propose que ces mots du Psaume d’aujourd’hui (Ps - 62 (63), 5-9) soient notre prière personnelle :

« Toute ma vie je vais te bénir,lever les mains en invoquant ton nom.

Comme par un festin je serai rassasié ;la joie sur les lèvres, je dirai ta louange.

Oui, tu es venu à mon secours :je crie de joie à l’ombre de tes ailes.

Mon âme s’attache à toi,ta main droite me soutient ». 

 

Bon Dimanche à tous,

votre frère Bogdan

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¹Note la Bible De Jérusalem Éditions du Cerf 2000 pour Jr 20,7.