Regroupe trois villages: GIGEAN, POUSSAN et MONTBAZIN
Père Bogdan LESKO, curé. ANNONCES DU 21 AU 29 SEPTEMBRE 2024(Historique de l'agenda) |
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144. Mt 15,21-28, XX Dimanche du Temps ordinaire, A, Réflexion 2023
Sœurs et Frères
Tout d’abord, je suis bien de retour de Pologne et vous avez tous le « Bonjour » de ma Maman. Le temps, dans mon pays, n’était pas forcément estival (dès mon arrivé à Gdańsk, 17 degrés et la pluie… Je dirais, l’hiver - sourire). Mais la joie de rencontrer mes proches m’a fait oublier la météo et m’a accompagné tout au long de mon séjour– sourire. Et puis, à la fin, j’ai dû « me retirer » et quitter mon pays natal pour rentrer en France...
Évidemment je n’emploie pas au hasard l’expression « se retirer ». Elle figure au début de notre évangile où le Christ se retire dans la région de Tyr et de Sidon (aujourd’hui le Liban). Cette localisation n’est pas sans importance et n’est pas seulement d’ordre géographique. La référence à « Tyr et Sidon » a aussi une « valeur théologique qui désigne les nations païennes qui, dans certaines conditions que le récit précise, vont avoir part au ministère de Jésus ». Et c’est là que le Christ rencontre une femme païenne, « ce qui n’exclut pas qu’elle ait entendu parler de Jésus »*. Mais, encore une fois nous devons prendre en compte le contexte de notre récit et ce lieu où Jésus « se retire ». En effet, notre texte est précédé par une discussion du Christ avec des Pharisiens et des scribes, concernant la tradition des Juifs et, notamment, ce qui est pour eux le pur et l’impur (voir Mt 15,1-20). Dans ce passage, l’évangéliste nous apprend aussi que le Christ s’était déjà trouvé confronté à la dureté du cœur de ces gens. Et c’est aussitôt après ce débat qu’est évoqué le retrait du Christ à Tyr et à Sidon (voir Mt 11, 20-24).
Ce contexte et cette référence nous prouvent bien que Jésus ne quitte pas simplement un lieu pour un autre. Puisque qu’Il n’est pas entendu, le Christ quitte le pays de l’incrédulité et de l’obstination dans la dureté du cœur, en allant chercher la foi sur d’autres rives, chez les païens. Et là, Il trouve quelqu’un qui est capable d’abandonner ses convictions et de laisser s’exprimer le cri de son cœur - « Prends pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon ». Mais Jésus semble ne rien « entendre ». D’abord Il ne répond pas, puis Il fait comprendre et cette malheureuse Mère qu’Il « n’a été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël » et qu’il « n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens ». Et, je ne cache pas que la façon dont Il a « géré » cette situation me convient personnellement. Pourquoi ? Parce que Jésus vient de rencontrer des gens - les scribes et les pharisiens - qui n’attendaient de Lui qu’une simple réponse à leurs besoins. Il n’a pas pu entrer dans leurs cœurs, tellement ceux-ci étaient sûrs de l’image qu’ils avaient de Dieu et de la religion.
Contrairement aux Pharisiens et aux scribes de Jérusalem, pour cette Cananéenne, la présence du Christ est une question de vie ou de mort. Pour elle qui est une païenne aux yeux des Juifs, se tourner vers Jésus de Nazareth signifie vraiment son dernier espoir. Rien ne peut la décourager. Elle se prosterne devant Lui en Le reconnaissant comme le Messie envoyé par Dieu (cf Mt 2,2.11; 8,2; 9,18; 14,33; 28,9.17). Et pourtant cette femme sait très bien que les promesses de Dieu sont d’abord destinées aux Juifs, au Peuple Elu. L’austérité de Jésus ne la rebute pas et elle dialogue avec Lui. Alors, à la fin, si le Christ félicite cette Cananéenne pour sa foi et sa détermination, c’est parce qu’Il a trouvé dans son cœur un espace pour Lui.
Pour finir, je me permets de faire une observation qui concerne notre vie à tous. D’après moi, l’insistance de cette femme ne signifie pas qu’elle a la prétention de faire triompher pour elle seule sa requête. Cette femme est simplement profondément déterminée et elle a vraiment la foi en Christ. Et il y a une différence entre les deux attitudes. Quelqu’un qui réclame dans le seul but de l’emporter pour son seul profit, aura tendance à se décourager rapidement s’il ne reçoit pas ce qu’il attend. Au contraire, quelqu’un qui est déterminé pour une belle cause est capable, par-delà le désir de son cœur, de suivre celui qui peut répondre à ce désir. Et une telle démarche redonnera vie non seulement au demandeur mais aussi à d’autres. C’est ainsi que cette Cananéenne a réclamé et obtenu la pitié du Christ pour elle-même puis pour sa fille.
Avant de terminer, encore une observation. Cette Cananéenne cherchait du secours auprès du Christ et pourtant elle était païenne. J’ai l’impression qu’aujourd’hui certains, qui se considèrent chrétiens, cherchent de plus en plus le secours de « voyants » ou de qui prétend avoir un « don spécial », et non pas le secours de Jésus, notre Sauveur ; et cela est un grave péché à l’égard de son Amour inconditionnel.
Bon Dimanche à vous tous - sourire
Votre frère Bogdan
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Selon les notes de la TOB pour les verset Mt 15,21.22 – Traduction œcuménique de la Bible, édition Cerf 2012.