Regroupe trois villages: GIGEAN, POUSSAN et MONTBAZIN
Père Bogdan LESKO, curé.

ANNONCES DU 21 AU 29 SEPTEMBRE 2024

(Historique de l'agenda)

 138. Mt 9, 36 – 10, 8, XI Dimanche du Temps Ordinaire, A, Réflexion 2023

Sœurs et Frères

    Aujourd’hui, je commence ma réflexion par une remarque, je dirais « technique ». Quand nous lisons des textes bibliques - quelles que soient les traductions - nous constatons que ces textes sont découpés en plusieurs parties - grandes ou petites -, séparées par des « titres ». Ce procédé permet aux lecteurs de se repérer plus facilement dans le texte, même si le découpage est différent d’une traduction à l’autre ; c’est le cas par exemple pour la traduction de la Bible de Jérusalem et celle de la TOB. Ce découpage et ces titres - qui « résument » le contenu du texte - sont pour les lecteurs extrêmement pratiques. Cependant, cela ne fait pas tout – sourire - et cela ne suffit pas pour comprendre le message caché du récit ! C’est la raison pour laquelle il convient toujours de bien lire, dans son contexte, le récit que nous avons à méditer.

     Ce dimanche, l’évangile selon saint Mathieu se trouve dans une grande partie – appelée parfois « La prédication du Royaume des Cieux » - où nous trouvons le « discours missionnaire »¹ du Christ. A la première lecture, on pourrait me dire ceci : « Aujourd’hui, c’est plus qu’évident, le Christ appelle ses douze Apôtres et les envoie en mission, une mission importante d’ailleurs. Donc, cet évangile concerne les prêtres et les religieux et peut-être les catéchistes. Quant à moi, je peux me mettre tranquillement en retraite, cet évangile n’est pas pour moi ». Attention au piège – sourire.

    Que notre texte relate l’envoi des douze disciples en mission, je ne le conteste pas. Je suis d’ailleurs d’accord avec l’image de la « moisson » qui nous renvoie au dernier jugement, à la fin du monde (verset 37). Mais ce n’est pas tout ! Donc, pour mieux comprendre notre évangile, il est bon de le considérer dans un contexte plus large. Cela ne doit pas nous surprendre. En effet, dans la vie courante, pour mieux saisir tels ou tels propos que nous lisons, nous devons élargir notre champ de recherches quand ces propos sont trop brièvement rapportés par les journaux, les médias.


Donc, quand nous ouvrons le récit de Mathieu, nous pouvons constater qu’avant notre texte, sont mentionnées de nombreux signes du Christ et des guérisons qu’Il a accomplies - autant de preuves que le Royaume de Dieu est déjà là et que le jugement est déjà en route. Certains refusent de voir tout cela, comme ces pharisiens (au début du chapitre 9 ; le chapitre où commence notre évangile), qui traitent Jésus comme un possédé du démon, (cf. Mt 9, 33-34) et dédaignent le message du prophète de Nazareth. Et puisque nous parlons de « jugement », une note de la TOB nous précise de quel jugement il s’agit : « Image ordinaire du jugement final (voir Mt 3,12 n.), la moisson est ici actualisée dans le temps même de Jésus (voir Mc 4,29 ; Jn 4,35-37) : par le ministère de Jésus et de ses disciples, le jugement s'opère (voir Mt 10,15), car le Royaume de Dieu est arrivé (Mt 3,2 ; 4,17 ; 10,7) »².

    Toutes ces explications me permettent de faire, au moins, quelques observations. À savoir que le Christ n’envoie pas seulement ses douze disciples en mission. Il envoie plutôt des hommes qui ont « jugé » bon dans leur cœur de s’accrocher à la personne de Jésus comme à un Homme envoyé par Dieu, et des hommes qui se laissent envoyer par Lui. Ils n’ont pas de « compétences » particulières pour cette mission, mais ils mettent leur confiance en Jésus et en son Esprit - qui va aussi opérer en eux - pour répondre à l’urgence de la moisson. En outre, les disciples ne sont pas envoyés pour accomplir des choses impressionnantes pour leurs compatriotes. Ils sont simplement envoyés pour que les gens sachent que le royaume de Dieu est là, et que l’Amour de Dieu envers les hommes est toujours à l’œuvre. Et pour cela le Christ les a « équipés » du pouvoir de faire le bien autour d’eux - « Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, expulsez les démons ».

     Aujourd’hui, comme à l’époque du Christ – celle de la « première » moisson - Jésus, à travers chaque baptisé, fait tout pour que personne ne se sente « désemparé et abattu comme la brebis sans berger ». Et si la moisson est abondante, c’est parce que sont nombreux des hommes et des femmes qui ne savent pas encore juger ce qui peut être vrai et bon pour leur vie. Et pour nous, les chrétiens, la base de ce jugement est toujours l’amour de Dieu, à travers le Message de Jésus Christ et avec la puissance et la précision de l’Esprit Saint.

Bon Dimanche à chacune et chacun de mes lecteurs – sourire.
Votre frère Bogdan

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¹ Cf. Bible de Jérusalem, édition Cerf 2000.
²Selon la note de la TOB pour le verset Mt 9,37– Traduction œcuménique de la Bible, édition Cerf 2012.