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Père Bogdan LESKO, curé. ANNONCES DU 21 AU 29 SEPTEMBRE 2024(Historique de l'agenda) |
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137. Jean 6,51-58, Solennité du Corps et du Sang du Christ, A, Réflexion 2023
Sœurs et Frères
Nous savons tous qu’après le dimanche de la solennité de la Sainte Trinité, vient celui de la solennité du Corps et du Sang du Christ qui, par tradition, porte aussi en France le nom de « Fête-Dieu ». Au cœur de cette grande fête, instituée dans notre Église au Moyen-Age, nous commémorons évidemment l’institution du sacrement de l’Eucharistie. Et en conséquence, la Parole de Dieu est choisie pour que nous puissions approfondir notre propre regard sur l’Eucharistie qui, pour les Catholiques, est tout à la fois « source et sommet de toute la vie chrétienne »¹. Le Catéchisme de l’Eglise catholique rappelle que « l’Eucharistie est le résumé et la somme de notre foi : ‘Notre manière de penser s’accorde avec l’Eucharistie, et l’Eucharistie en retour confirme notre manière de penser’(S. Irénée, hær. 4, 18, 5) »². Ici on pourrait me dire : « C’est bien de citer des documents de l’Église, mais nous avons les récits bibliques pour nous pencher ensemble sur ce mystère qui nous vivifie et nous fortifie ». J’ai bien compris, on fonce – sourire.
Aujourd’hui nous lisons un discours du Christ dans la synagogue de Capharnaüm et notre évangile en est la dernière section, « consacrée explicitement au sacrement de l’eucharistie »³. Notre texte est trop riche en significations pour la seule page de ma modeste réflexion (sourire). Je vous donne donc seulement quelques pistes qui, je crois, vous seront utiles pour optimiser votre propre méditation – sourire.
Donc, quand nous lisons ce texte, nous constatons d’emblée que l’enseignement du Christ bouleverse ses auditeurs. A tel point qu’« à partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner » (Jn 6, 66). Et il est vrai que si nous prenions à la lettre les propos du Christ qui nous invite à manger sa chair, nous serions tout près du cannibalisme (brrr !). Cependant il faut préciser que Jean n’utilise pas le mot « corps » mais le mot « chair ». Et ce n’est pas sans importance. En effet, chez Jean, « le mot chair désigne tout ce qui fait la réalité de l’homme, avec ses possibilités et ses faiblesses (voir Jn 1,14 ; 3,6 ; 8,15 ; 1 Jn 4,2) »³. Et pour lui « il y a un lien entre le fait que Jésus est la source de la vie éternelle et le fait de sa mort, c’est pourquoi il est question du pain qu’il donnera »³ (voir Jn 10,11.15; 11,50-52; 15,13; 17,19; 18,14; 1 Jn 3,16).
Toutes ces explications nous amènent au constat que Jésus n’a pas seulement assumé en Lui toutes les faiblesses humaines, y compris la mort (cf. Épître aux Philippiens – Ph 2, 6-8), mais qu’Il a donné sa vie en plénitude, à jamais et pour toutes les générations de disciples. Autrement dit, par l’Eucharistie, le Christ nous communique la vie qu’il a reçue de son Père.
Dans notre passage, Jésus déclare ceci : « De même que le Père qui est vivant m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi » (Jn 6, 57). Mais que signifie pour nous « vivre par le Christ » ? La note de la TOB pour ce verset me parle beaucoup personnellement. Je vous la cite : « Vivre c’est entrer en communion avec le Fils et, dès lors, avec le Père ; cet échange fait de connaissance et d’amour mutuels est promis de manière certaine et définitive. Le repas eucharistique est, dans le temps présent, un signe privilégié de cette communion »⁴. Or les mots : « communion, échange, amour mutuel », nous les utilisons tous plus ou moins dans notre vie quotidienne. Mais dans le contexte de l’Eucharistie, ces mots semblent trouver encore plus de profondeur, et je dirais même, leur propre et unique couleur. Car seul le désir de communion avec Dieu qui pose chaque jour sur moi son regard d’amour, qui à chaque Eucharistie (Messe) descend pour me donner ses bienfaits, prenant sur Lui toutes mes faiblesses humaines, me permettra de comprendre, d’atteindre avec mon cœur, même pour un instant, ce qu’est l’Eucharistie. Et ce désir renouvelé à chaque Eucharistie, me permettra de comprendre que ma propre vie, avec ses faiblesses, est destinée à devenir une eucharistie, non seulement envers Dieu mais aussi envers autrui. C’est pourquoi, avec ma foi, telle qu’elle est aujourd’hui, je dois pénétrer dans ce « mystère », au-delà du voile de la certitude et de la compréhension, pour toucher avec mon cœur cette réalité, que j’essaie souvent maladroitement d’habiller de mots.
« Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu » (Mt 5, 8).
Bonne fête du Corps et du Sang du Christ en communion avec Celui qui s’est offert pour la vie de chacune et de chacun de nous,
votre frère, Bogdan
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¹LG 11, Lumen Gentium - « Lumière des nations », la constitution dogmatique sur l’Église (1964).
https://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_const_19641121_lumen-gentium_fr.html
²Catéchisme de l’Église Catholique, n. 1327.
https://www.vatican.va/archive/FRA0013/__P3S.HTM
³Selon la note de la TOB pour le verset Jn 6,51– Traduction œcuménique de la Bible, édition Cerf 2012.
⁴Selon la note de la TOB pour le verset Jn 6,57– Traduction œcuménique de la Bible, édition Cerf 2012.