Regroupe trois villages: GIGEAN, POUSSAN et MONTBAZIN
Père Bogdan LESKO, curé.

ANNONCES du 21 au 28 avril 2024

(Historique de l'agenda)

 127. Mt 26, 14 – 27, 66, Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur, A, Réflexion 2023

Sœurs et Frères

    En ce Dimanche des Rameaux, nous sommes de nouveau dans l’évangile selon Mathieu que nous méditons, sauf exceptions, chaque dimanche de cette année liturgique « A ». Et comme vous le savez, ce dimanche nous lisons la Passion de notre Seigneur Jésus Christ. Cet évènement de la Passion du Christ est très important pour chacun des évangélistes. A la lecture, nous voyons que chaque récit a ses propres accents et qu’il y a des différences entre eux ; mais nous constatons aussi qu’ils se complètent. Vous imaginez bien, une fois encore, qu’il me serait difficile de commenter l’ensemble de cet évangile de la Passion. Pas seulement à cause de sa longueur mais plutôt à cause de la richesse de son contenu. C’est la raison pour laquelle, afin de remplir ma page - sourire, je vais me pencher sur quelques accents propres à Mathieu.
    C’est là que l’on pourrait me dire : « Quel intérêt y-a-t-il à se pencher sur la condamnation et la mort de quelqu’un de si éloigné de notre temps et du contexte culturel et religieux dans lequel nous vivons ? » Il est vrai que le monde, et même le regard sur la religion, ne cessent d’évoluer. D’ailleurs, au cours de notre vie, notre rapport avec une même personne peut changer et notre relation avec elle se trouver modifiée. Cependant l’être humain, dans la complexité de son cœur et de ses choix, ne change pas en profondeur. Donc maintenant, après cette introduction un peu « philosophique » (sourire), nous allons examiner de près quelques personnages de notre récit. Pas ceux qui sont au premier plan (Jésus, les autorités des Juifs, Pilate, etc.), mais ceux que l’on croise rapidement ou avec indifférence.

    Tout d’abord approchons-nous de Judas, un personnage évidemment mentionné par tous les évangélistes qui témoignent de sa mort tragique. Mais seul Mathieu nous précise que Judas a trahi, « vendu » son Maître au prix d’un esclave à cette époque (voir Mt 26,15 ; cf Ex 21,32). Celui-là même, qui pendant trois ans, avait eu le privilège d’être auprès de ce Maître de Nazareth, célèbre par son enseignement et ses actes. Il l’a vendu au prix de trente pièces d’argent, ce qui correspondait à peu près au salaire mensuel d’un ouvrier de ce temps (soit le Smic actuel en France, même si l’estimation reste approximative). On peut alors se poser la question : « Qui était vraiment Jésus pour Judas ? »


    Mais cette situation ne concerne pas seulement Judas, ni même les seuls chrétiens. Chacun de nous, à l’évidence, constate qu’il pourrait trahir ; trahir quelqu’un qui vit à ses côtés, qui est unique, qui n’a pas de « prix » ! Et le trahir au prix de quelque chose qui, à vrai dire, n’a pas une grande valeur (une somme d’argent, un plaisir, un privilège, etc.).

    A présent, examinons le cas d’une personne seulement mentionnée par Mathieu. Quand Jésus était devant Pilate, la femme de ce dernier lui dit : « Ne te mêle pas de l’affaire de ce juste, car aujourd’hui j’ai beaucoup souffert en songe à cause de lui » (voir Mt 27,19). Cette femme, païenne, qui n’a pas suivi le Christ comme les disciples pendant trois ans, sait dans son cœur qu’Il est juste. Et elle avertit même son époux : « N’aie rien à faire avec ce juste » ( juste, « au sens grec d’homme de bien, à la fois intéressant et inquiétant »)*. Rien ne l’attachait au Christ, et pourtant d’après elle, Il ne devait pas être amené au tribunal. Le comportement de cette femme me permet de tirer, au moins, deux conclusions.
Premièrement – on peut n’avoir rien à faire avec la religion et pourtant, si notre cœur nous parle et si nous voulons vraiment l’écouter, nous pouvons discerner ce qui est juste vis-à-vis d’autrui. Deuxièmement – même si nous ne pouvons pas faire de grandes choses dans telle ou telle situation, nous pouvons, au moins, donner notre avis à tel moment important - comme ce fut le cas de femme de Pilate. Et nous, les chrétiens, nous avons vraiment de la chance, car nous avons l’Esprit Saint qui nous éclaire, qui nous aide à découvrir la vérité et à en témoigner.

     Enfin, je voudrais vous parler encore d’un personnage présent dans notre évangile, et qui est aussi mentionné par les autres évangélistes. Il s’agit d’« un homme riche, originaire d’Arimathie, qui s’appelait Joseph, et qui était devenu, lui aussi, disciple de Jésus ». Celui-là, quand tout fut fini alla chez Pilate « pour demander le corps de Jésus » (Mt 27,58 ; cf Jn 19,38-42). 

    Cela nous prouve, qu’un chrétien peut toujours donner la preuve, non seulement de sa foi, mais aussi de son humanité. Il n’y a pas pour nous d’autre raison d’être chrétiens que de devenir chaque jour, pas après pas, dans notre cœur, un Être Humain à la mesure de l’amour du Christ.

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*selon la référence de la TOB – Traduction œcuménique de la Bible, édition du Cerf 2012.

Bon Dimanche - sourire, votre frère Bogdan