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Chrétiens et fin de vie, relisons Vatican II. Isabelle De Gaulmyn, La Coix 13.10.2022

chronique
Isabelle De Gaulmyn
rédactrice en chef
De nouveau, avec le débat autour de l’euthanasie, les catholiques s’interrogent sur leur influence autour de questions sociétales où ils sont minoritaires. Faut-il s’opposer ? Comment ? C’est tout la question du rapport au monde des chrétiens, sur lequel il est sans doute bon de relire le concile Vatican II.

« Encore une fois, la bataille est perdue d’avance. Sur la fin de vie, comme pour toutes les réformes sociétales depuis trente ans, on ne nous écoute pas. » Il n’est pas difficile de percevoir la lassitude des « troupes catholiques » alors que le gouvernement a lancé une grande consultation autour de la possibilité de légaliser, sous conditions, le recours à l’euthanasie. De fait, depuis l’instauration du pacs, du mariage pour tous et de la PMA pour toutes, on constate que ce que l’on appelle « l’anthropologie chrétienne » est balayé par le désir d’autonomie de nos contemporains, qui semble aller à l’inverse des fondamentaux du catholicisme sur la vie, la mort, la famille, la procréation…

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Alors, un combat pour rien ? Attention. Rien ne serait pire, pour les catholiques, que de tomber dans une forme de complexe obsidional du « nous contre eux », de se vivre dans une attitude victimaire plutôt contre-productive. Cela peut donner le sentiment d’une opposition systématique, qui, ensuite, sera vite oubliée : après tout, le pacs, qui avait suscité une grande émotion des évêques à l’époque, a trouvé sa place. Les couples homosexuels font désormais partie intégrante du paysage occidental, que ce soit dans le monde de l’entreprise, du show-biz ou de la vie de tous les jours. Bref, jouer les Cassandre, annoncer à chaque réforme sociétale que la ligne rouge est atteinte, que tout va s’écrouler, risque à force de démonétiser la parole catholique.

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C’est toute la question du rapport au monde. Peut-être faut-il revisiter, à ce propos, le concile Vatican II, puisqu’on en fête les 60 ans cette semaine. Ce n’est pas un hasard si le dernier texte du Concile, Gaudium et spes, est précisément sur ce sujet. Notre rapport au monde, les pères conciliaires l’avaient bien vu venir. Contrairement à ce que l’on dit trop souvent, ils n’étaient pas victimes d’un optimisme béat, conduisant à un affadissement du message. Jean XXIII a ouvert le Concile en pleine crise des missiles de Cuba (octobre-novembre 1962), et lançait un appel déchirant pour éviter la catastrophe nucléaire. Et, presque vingt ans après la Seconde Guerre mondiale, on commençait tout juste à prendre conscience de l’horreur de la Shoah, alors que la décolonisation enflammait les pays du Sud. L’époque n’était pas forcément plus facile à vivre qu’aujourd’hui.

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À la fin du Concile, en 1965, Paul VI, dans un discours incroyablement prémonitoire, a même eu des mots très durs pour qualifier un monde où « l’humanisme laïque et profane est apparu dans sa terrible stature et a, en un certain sens, défié le Concile ». Un monde où « la religion du Dieu qui s’est fait homme s’est rencontrée avec la religion (car c’en est une) de l’homme qui se fait Dieu ». Sauf que, face à ce monde, le Concile a refusé l’affrontement.« Qu’est-il arrivé ? Un choc, une lutte, un anathème ? » interroge encore le pape plus loin : « Cela pouvait arriver ; mais cela n’a pas eu lieu. » Pourquoi ? Parce que le Concile, justement, rompant avec une attitude dogmatique à laquelle le catholicisme avait trop souvent recours, est retourné aux sources : il a relu l’Évangile et, raconte encore Paul VI, « la vieille histoire du bon Samaritain a été le modèle et la règle de la spiritualité ». Il s’est laissé envahir par « une sympathie sans bornes pour les hommes », une sympathie qui part de « la découverte et l’étude des besoins humains ».

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Ces mots de Paul VI résonnent de manière particulière aujourd’hui. Par rapport au monde, l’attitude la plus juste pour les chrétiens n’est-elle pas, plutôt qu’une opposition frontale théorique, de repartir de l’homme, et de ses besoins ? Sur la fin de vie, par exemple, poser la question de l’accompagnement des mourants, de l’état des hôpitaux, du manque de soins palliatifs, de la solitude des personnes âgées… Autant de sujets sur lesquels il y a tant à dire. Et tant à faire…