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Rapport de la Ciase : à Lourdes, des avancées significatives avant les décisions des évêques. Céline Hoyeau (envoyée spéciale à Lourdes), La Croix le 07.11.2021

Reportage La reconnaissance par les évêques, vendredi 5 novembre, de leur responsabilité institutionnelle dans les abus sexuels commis dans l’Église a marqué une étape décisive avant l’annonce, ce lundi, des mesures par lesquelles ils entendent répondre au rapport Sauvé.
Céline Hoyeau (envoyée spéciale à Lourdes), le 07/11/2021 à 11:33 Modifié le 08/11/2021 à 07:56
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Rapport de la Ciase : à Lourdes, des avancées significatives avant les décisions des évêques
Des évêques lors du temps mémoriel et pénitentiel, samedi 6 novembre à Lourdes.

C’est ce lundi 8 novembre que les évêques de France, réunis à Lourdes en Assemblée plénière, doivent voter et annoncer les réponses qu’ils entendent donner au rapport Sauvé. Ce rapport sur les abus sexuels commis dans l’Église depuis 1950 a fait l’objet de nombreuses discussions tout au long de la semaine, en particulier sur le volet financier. Vendredi 5 novembre, Mgr Luc Crepy, évêque de Versailles, a promis des « gestes forts » ainsi qu’un « échéancier précis » des mesures à mettre en œuvre.

→ LES FAITS. Abus sexuels : à Lourdes, l’Église de France reconnaît sa « responsabilité institutionnelle »

Très attendues, ces décisions doivent confirmer l’engagement affiché des évêques qu’ils ont tenu à exprimer dès vendredi midi à travers la reconnaissance publique de leur responsabilité institutionnelle dans ces abus, de leur caractère systémique ainsi que d’une nécessaire réparation.

« Une très bonne nouvelle »
Cette annonce solennelle, faite par Mgr Eric de Moulins-Beaufort, le président de la conférence épiscopale, a été largement saluée. « C’est une très bonne nouvelle, je ne m’y attendais pas si tôt », a confié le père Jean-Luc Souveton, lui-même victime d’un prêtre pédophile, tandis que François Devaux, cofondateur de La parole libérée, saluait une « première étape essentielle ».

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Une telle reconnaissance n’était pas acquise il y a encore une semaine. Au terme de l’assemblée extraordinaire qu’ils avaient tenue sur ce sujet en mars, les évêques s’étaient dits prêts à assumer leur responsabilité « pour l’avenir », en luttant pour la prévention de ces abus, mais pas pour le passé et les fautes de leurs prédécesseurs. Le tournant a été franchi jeudi 4 novembre après-midi, lors d’une séance à huis clos durant laquelle ils ont pu partager, sans masques, les émotions et la souffrance que provoquait, en chacun, la découverte du rapport. Une expérience « spirituelle », selon certains, qui a fait tomber une grande partie des dernières résistances et leur a permis une « vraie communion », manifestée le lendemain dans un « vote massif ».

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« Ils ont brisé l’armure », ont pu constater aussi les laïcs invités à participer à des carrefours avec l’épiscopat, vendredi après-midi et samedi matin. « Nous les avons vus en position de vulnérabilité. Ils ne l’ont pas cachée et cela a ouvert une collaboration très vraie et fraternelle », assure Louis-Etienne de Labarthe, membre de l’Emmanuel associé à Promesses d’Église.

Une grande liberté de ton
Cette reconnaissance a en effet libéré la parole et le travail avec les laïcs. Les échanges ont été marqués par une grande liberté de ton. « On y est allé cash, il n’y avait nulle déférence pseudo-protocolaire », se félicite Arnaud Bouthéon, cofondateur du Congrès Mission. Des invités ont exprimé la colère des fidèles et leurs attentes d’un vrai travail de réparation qui coûte à l’Église. « J’ai clairement dit que je ne comprenais pas que certains évêques n’aient pas remis leur charge au lendemain du rapport Sauvé », témoigne un participant.

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« Cela a fait du bien d’entendre la douleur des évêques, leur inquiétude, sans filtre. Ils ont semblé heureux de ne pas se retrouver seuls », reconnaît Clémence Pasquier, 27 ans. Engagée dans la pastorale des jeunes de Lyon, elle ressort toutefois avec des sentiments mêlés, entre espérance et craintes. « La plupart étaient à l’écoute mais n’ont pas réussi à bien communiquer leur intention à notre égard. On manque encore de méthode, de vision, ce qui a entraîné des frustrations. On ne savait pas à quoi allait servir notre parole et on ne le sait pas bien encore. Il nous faut apprendre à collaborer. »

La nécessité de faire appel aux laïcs
Des participants ont aussi regretté que les séances de travail avec les évêques ne soient pas plus longues. Samedi matin, la restitution des nombreuses idées évoquées rapidement la veille au cours d’un atelier dédié aux recommandations de la Ciase a donné l’impression d’un foisonnement dans tous les sens. Est toutefois ressortie la nécessité, pour les évêques, de ne pas rester seuls mais de recourir aux expertises variées des laïcs.

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La reconnaissance par les évêques de leur responsabilité institutionnelle a donné de la consistance au temps mémoriel et pénitentiel organisé samedi matin. Sans doute l’un des moments les plus forts de cette Assemblée. « Ô Dieu, pardonne-nous de n’avoir pas compris que le pouvoir que tu nous donnes demande une exemplarité sans faille. Pardonne-nous d’avoir pris ta miséricorde pour une tolérance devant le mal », a lu Mgr Eric de Moulins-Beaufort, à genoux devant la Basilique du Rosaire, au pied d’une grande Croix-Rouge dressée pour l’occasion.

Contrairement à la cérémonie pénitentielle qu’ils avaient organisée en novembre 2016, les évêques n’ont pas demandé pardon aux victimes, cette fois-ci. « Le temps du pardon n’est pas encore venu tant que la réparation n’est pas engagée, explique Brigitte Navail, l’une des victimes avec lesquelles ils ont préparé ce moment pénitentiel, c’est un processus dont cette journée est la première étape ».

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Un prêtre abuseur concélèbre la messe télévisée
Le quotidien Libération a révélé, vendredi 5 novembre, qu’un prêtre condamné pour agressions sexuelles en 2007 avait concélébré la messe télévisée pour l’émission le Jour du Seigneur, sur France 2, dimanche 24 octobre. Le père A., qui ce jour-là a lu une intention de prière pour les victimes de violences sexuelles dans l’Église, avait repris une activité pastorale sous certaines conditions comme vicaire dans le diocèse de Nanterre (Hauts-de-Seine). Cette exposition médiatique a suscité une vive émotion, notamment dans son diocèse d’origine, à Nancy. Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre, lui a retiré tout ministère. Dans le rapport Sauvé, le suivi des prêtres abuseurs est la première des 45 recommandations.