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Cinq chantiers pour penser l’organisation de l’Église de France. Arnaud Bevilacqua, La Croix 01.10.2021

Témoignages Alors que les visites ad limina des évêques français à Rome s’achèvent ce vendredi 1er octobre, « La Croix » propose cinq pistes de réflexion pour l’organisation et le maillage territorial de l’Église, secouée par des crises profondes et confrontée notamment à la baisse du nombre de prêtres.

Recueilli par Arnaud Bevilacqua, le 01/10/2021 à 12:22 Modifié le 01/10/2021 à 14:50
Lecture en 5 min.
Cinq chantiers pour penser l’organisation de l’Église de France
Les visites ad limina des évêques français à Rome s’achèvent ce vendredi 1er octobre.

 



► « Ni statu quo et ni regroupement excessif »
Mgr François Jacolin, évêque de Luçon (Vendée)

« Les réformes de paroisses sont une des réponses à la baisse du nombre de prêtres. En France, elles étaient historiquement très petites. Lorsque j’étais évêque de Mende, nous avons initié une réforme alors qu’il existait encore sur le papier plus de 200 paroisses – une trentaine d’inter-paroisses dans les faits. Finalement, nous en avons constitué cinq assez étendues avec un curé modérateur autour des cinq bassins humains du diocèse. Toutefois, pour modérer l’impression d’une radicalité, il faut rappeler que les cinq paroisses comptent entre 10 000 et 22 000 habitants. Il y a un équilibre à respecter dans le regroupement. Se montrer trop drastique engendre la création de très grandes paroisses qui ressemblent presque à de petits diocèses. Dans ces cas-là, il devient plus difficile de trouver des prêtres comme curés car cela nécessite beaucoup de compétences humaines, avec le risque de se transformer en gestionnaire.

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La réforme des paroisses n’a pas vocation à augmenter le nombre de messes dominicales sur un territoire mais à faciliter, par une taille adéquate, la vie des communautés chrétiennes. Les regroupements doivent aussi permettre de s’interroger sur la manière dont la paroisse peut être davantage missionnaire. En Vendée, nous achevons une consultation qui devrait nous faire passer de 59 à une trentaine. L’étendue, le nombre d’habitants et de prêtres sont des critères mais pas les seuls, nous devons tenir compte des habitudes de vie dans le territoire. Toute l’équation est de trouver avec les forces de l’Église aujourd’hui, le meilleur, ou le moins mauvais, compromis : ni statu quo et ni regroupement excessif. La meilleure façon de préparer l’avenir, c’est de bien vivre le présent sans être toujours dans l’anticipation. Je ne veux pas, parce que demain nous aurons moins de prêtres, faire déjà comme si nous n’en avions plus. »

► « S’interroger sur la logique d’appeler des prêtres venus d’ailleurs »
Mgr François Fonlupt, archevêque d’Avignon (Vaucluse)

« Le modèle d’une Église centrée sur un fort maillage territorial avec des prêtres dans les paroisses dans une fonction centrale d’animation des communautés arrive à une limite. À Rodez, où j’ai été évêque pendant dix ans, le diocèse était marqué par une présence très forte de prêtres au début du siècle dernier. De plus de 1 000, ils étaient encore 600 dans les années 1960, contre 30 en charge pastorale en 2021. Parmi eux, quasiment une moitié vient d’ailleurs. Nous étions, selon moi, à la limite de ce qui paraissait raisonnable. À Avignon, le nombre de prêtres est le même depuis vingt ans avec l’apport de ceux venus d’ailleurs. J’ai beaucoup d’admiration pour ceux qui acceptent de venir. Ils nous ouvrent à d’autres manières de vivre la foi. Il ne s’agit pas du tout d’une remise en cause des personnes mais d’une interrogation sur notre logique. Je suis, pour ma part, prudent et mesuré.

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Les prêtres venant d’ailleurs sont marqués par un certain modèle de vie ecclésiale. Ils peuvent rencontrer quelques difficultés à rentrer dans les problématiques de l’Église de France aujourd’hui. Cela pose aussi des questions sur le modèle du prêtre diocésain et l’enracinement de ce dernier au service d’une Église locale dans un presbyterium ayant pour vocation d’exprimer la proximité de Dieu avec un peuple donné. Le recours aux prêtres venus d’ailleurs fait tenir des communautés mais cela ne nous aide pas à nous interroger sur la situation actuelle. Que signifie le fait qu’il y ait beaucoup moins de prêtres ? Je pense que cette réalité nous questionne profondément sur la place des baptisés dans nos communautés, notamment dans l’animation. L’Église aura toujours besoin du ministère ordonné au risque de ne plus être Église catholique mais il faut trouver une autre manière d’assurer cette présence, sans doute pas comme animateur central. »

► « L’itinérance m’a renouvelé »
Père Vincent Di Lizia, prêtre itinérant du diocèse de Reims (Marne)

« Au sein d’une fraternité missionnaire diocésaine envoyée par notre évêque, j’assure une mission itinérante depuis deux ans. Nos actions sont très diverses et surprenantes. L’idée-force, c’est la proximité, longue et gratuite. Le modèle du prêtre partout, avec tout le monde, disponible tout le temps, touche à sa fin, même s’il est toujours possible de “tirer sur la corde”. Dans l’itinérance, je découvre que le prêtre peut être de temps en temps à certains endroits, mais totalement et gratuitement, tout en étant intégré dans une équipe.

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J’ai été en paroisse pendant trente-deux ans, l’itinérance m’a renouvelé dans mon ministère. Au lieu d’être d’abord celui qui gouverne, le prêtre est là, en premier lieu, pour l’annonce de la parole de Dieu et sanctifier les gens et, s’il lui reste du temps, il gouverne. Au début, j’étais un peu perdu : ne pas célébrer la messe dominicale avec la même communauté représente une perte de repères. Mais j’y crois de plus en plus. Évidemment, tous les prêtres ne rentreront pas dans cette logique. Il ne s’agit pas de l’imposer. Il y aura toujours besoin de prêtres en paroisse mais, s’il y a une impulsion, des prêtres pourront répondre à cette façon de vivre le ministère et faire évoluer tout le monde. Notre expérience intéresse déjà d’autres diocèses. »

► « Les laïcs doivent prendre leur place »
Édith Jan-Ailleret, membre du conseil épiscopal du diocèse de Meaux (Seine-et-Marne)

« Une vraie complémentarité existe entre prêtres et laïcs. Au sein du conseil épiscopal où j’ai été appelée depuis un an, il est essentiel que l’évêque entende des voix très différentes. J’exerce ma liberté de parole. Je ne me sens pas aussi compétente sur tous les sujets mais mon avis est écouté. Il en va de la synodalité dont on parle beaucoup en ce moment pour éviter d’être dans l’entre-soi. L’Église, c’est tout le peuple de Dieu et pas uniquement le clergé. Chacun doit être à sa juste place, on ne peut pas aller l’un sans l’autre. Mon expérience montre qu’une laïque peut exercer des responsabilités. Les prêtres ne peuvent pas être partout, les laïcs doivent s’investir, prendre leur place pour faire “tourner l’Église”.

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Peut-être qu’en France, nous sommes encore très privilégiés vu le nombre de prêtres. Ayant vécu un temps dans un pays aussi étendu que l’Indonésie, j’ai vu l’importance capitale des laïcs pour faire vivre la mission de l’Église. Ils ne remplacent pas les prêtres mais apportent leur contribution propre dans un esprit missionnaire. Il ne s’agit pas de nommer des femmes ou des hommes seulement pour respecter un équilibre mais parce qu’ils possèdent des compétences. En ce sens, j’espère beaucoup du synode sur la synodalité. »

► « Rappeler que les diacres sont une chance »
François Fayol, diacre du diocèse de Créteil (Val-de-Marne), membre du Comité national du diaconat

« Il faut d’abord combattre l’idée que l’appel au diaconat puisse être un palliatif au manque de prêtres. Ce sont des hommes, déjà engagés en Église, qui continuent un parcours de foi différent, dans un entre-deux. Nous ne sommes plus laïcs mais par notre vie familiale et professionnelle, nous sommes repérés comme ceux qui portent les préoccupations des gens d’aujourd’hui. L’Église de France compte environ 3 000 diacres avec 70 à 80 ordinations par an. Sans doute qu’un travail reste à faire pour dire en quoi les diacres sont aussi une chance. Ils rappellent que le service est la condition première du sacrement de l’ordre. L’appel n’est pas d’abord fonctionnel : il ne s’agit pas de combler un trou. Le diacre est tout sauf le grand clerc ou l’adjoint du curé. Il est vrai que dans bon nombre de diocèses ruraux ou périphériques des grandes villes, les diacres assument parfois des responsabilités pastorales plus conséquentes dans leur paroisse qu’ailleurs. Mais le diaconat est surtout tourné vers des missions autour de la charité et de la solidarité. Je crois que l’avenir de l’Église tiendra aux responsabilités que prendront tous les baptisés. »

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Les chantiers de l’Église de France, selon Mgr de Moulins-Beaufort
Évoquant « quatre chantiers », qui attendaient l’Église en France, Mgr de Moulins-Beaufort, a évoqué, mercredi 29 septembre la nécessité de la « transformation pastorale des diocèses » et du passage « d’une pastorale de l’encadrement à une pastorale de l’accompagnement et de la fraternité », la « prise de conscience écologique » et la manière pour l’Église de s’exprimer dans le domaine moral. Mais au cours d’une soirée organisée à Rome par l’ambassade de France près le Saint-Siège, il a souligné que « la réception du rapport de la Ciase » était actuellement « le premier chantier ». « Pour nous, prêtres, évêques, la première réaction ne doit pas être de nous braquer ou de contester. Il y a un fait, il faut l’accueillir », a-t-il averti.