Regroupe trois villages: GIGEAN, POUSSAN et MONTBAZIN
Père Bogdan LESKO, curé.

ANNONCES DU 28 MARS au 7 avril 2024

(Historique de l'agenda)

Les cinq chiffres clés du rapport Sauvé sur les abus sexuels dans l'Église catholique, Jean-Marie Guénois, Le Figaro, le 05.10.2021

Par Jean-Marie Guénois
Publié il y a 5 heures, mis à jour il y a 2 heures
Pédocriminalité dans l'Église: au moins 330.000 victimes de clercs, religieux ou laïcs «en mission pour l'Église» depuis 1950

En se basant sur un sondage commandé par l'Inserm, le rapport de la Ciase estime que 216.000 personnes ont été victimes d'abus sexuels par des clercs en 70 ans. Sur la même période, il y aurait eu autour de 3000 prêtres prédateurs sexuels.

Il y a trois ans les évêques catholiques de France ont demandé à Jean-Marc Sauvé, 72 ans, ancien vice-président du Conseil d'État, de présider une commission d'étude sur les abus sexuels sur mineurs commis par des membres du clergé. Ils lui ont demandé de les aider à comprendre l'ampleur du phénomène de 1950 à 2020, ses causes majeures mais aussi de formuler des recommandations pour que ces scandales que l'Église a seulement commencé à admettre publiquement et à lutter contre eux autour des années 2000, ne se reproduisent plus. Cette commission s'appelle la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église (Ciase). Elle a été financée à hauteur de trois millions d'euros par l'Église.

Les titres du matinNewsletter
Tous les jours

Recevez chaque matin, l'actualité du jour : politique, international, société...

À LIRE AUSSIFace au scandale des abus sexuels, comment l'Église forme ses futurs prêtres

Entouré d'une vingtaine d'experts de haut niveau dans plusieurs disciplines (psychiatrie, sociologie, histoire, médecine, droit) Jean-Marc Sauvé a coordonné ce travail dont il a remis officiellement les conclusions ce mardi 5 octobre à Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France et à Véronique Margron, religieuse, présidente de la Conférence des religieux et religieuses en France (Corref), une somme de 500 pages, assorties de 1500 pages d'annexes.

Dans le monde, seules les Églises catholiques des États-Unis, d'Irlande, d'Allemagne, d'Australie et des Pays-Bas ont déjà réalisé ce type d'enquêtes. Mais en France, la publication de ce rapport est considérée comme un moment historique tant pour la résolution de cette crise qui mine l'Église catholique depuis des décennies, mais aussi parce qu'il aborde pour la première fois à grande échelle la question des abus sexuels dans le milieu familial, mais aussi dans la société, un sujet encore tabou.

À LIRE AUSSIPourquoi le rapport sur la pédophilie dans l'Église est si attendu

Cet imposant rapport, accessible sur le site de la Ciase, vaut une étude détaillée notamment sur les causes de ce phénomène, sur le poids de la souffrance imprimée à vie chez les victimes, sur les techniques d'omerta longtemps menée par l'institution catholique, mais cinq chiffres clés sont d'ores et déjà à retenir quant à la réalité des abus sexuels dans l'Église en France.

216.000 victimes d'abus sexuel par des clercs en 70 ans
Telle est du moins l'évaluation réalisée pour le rapport de la Ciase par l'Institut national de la santé et de recherche médicale sur la base d'un sondage réalisé par l'Ifop auprès d'un échantillon représentatif 28.000 personnes. Selon cette étude, ces victimes étaient des mineurs et auraient été abusées par des religieux ou religieuses catholiques. Cette étude de l'Inserm, de portée nationale, estime aussi que 5 millions et demi de personnes en France auraient été victimes d'abus sexuels avant leur majorité. Les violences sexuelles commises dans l'Église représenteraient ainsi 4% du total des violences de ce type dans la société française, en moyenne de 1950 à 2020.

À côté de cette étude de l'Inserm fondée sur sondage, la commission Sauvé a pu auditionner 243 victimes, elle a pu traiter 2819 courriers de personnes racontant les méfaits qu'elles ont subis et a pu mener une enquête de victimologie sur la base de 1628 cas concrets. Il apparaît aussi que dans l'Église 80% des victimes sont des garçons et 20% sont des filles. Alors que dans la société, 75% des victimes sont des filles et 25% sont des garçons.

La moitié des abus sexuels ont lieu dans les familles
L'Inserm a étudié le phénomène des abus sexuels par milieux de vie. Il apparaît que la famille et le monde des amis de la famille ont été, pour 50% environ des victimes mineures, le lieu d'une agression sexuelle. Mais il apparaît aussi que si l'on compare le nombre des victimes mineures dans le milieu clérical avec d'autres milieux sociaux, il est deux fois supérieur dans l'Église aux autres catégories, écoles publiques hors internat, colonies de vacances, sport...

À LIRE AUSSI, Pédophilie dans l'Église : la difficile prise de parole auprès des enfants

C'est le taux de prévalence : ainsi, pour 100 personnes ayant fréquenté un milieu défini, 0,82% déclarent avoir subi des abus sexuels dans le milieu ecclésial, 0,36% dans des colonies de vacances, 0,34% dans des écoles publiques (hors internat), à 0,28% dans le sport et 0,17% dans le milieu culturel. Cette donnée est calculée sur 70 ans, entre 1950 et 2020. Il apparaît en effet que ce taux de prévalence concernant les prêtres par rapport aux autres milieux éducatifs a baissé au fil de cette période pour se rapprocher à présent des autres catégories, autour de 0,30% depuis les années 1980.

En 70 ans, il y aurait eu autour de 3000 prêtres prédateurs sexuels
Les croisements entre différentes sources disponibles ont permis à la Ciase d'évaluer le nombre de prêtres prédateurs à environ 3000. Le chiffre est compris dans une fourchette allant de 2900 à 3900 prêtres, sur 70 ans d'études. Soit un pourcentage oscillant entre 2,5% et 2,8% des prêtres alors en exercice, 115.500 clercs. Mais là encore l'étude porte sur trois quarts de siècle et ce chiffre est une moyenne sur cette période.

À titre de comparaison - cela ne figure pas dans l'étude, et à titre indicatif, car les données ne sont pas de même nature - le nombre de cas de prêtres abuseurs sexuels sur mineurs de 2018 à 2020 publié par la Conférence des évêques a été de 35 cas, par année, sur plus de 13.000 prêtres en exercice. Ce qui porte le pourcentage actuel à 0,26%. Soit cinq fois moins que cette moyenne des années 1950-2020.

Plutôt moins de prêtres prédateurs en France qu'ailleurs
La comparaison du nombre de prêtres ayant agressé sexuellement des mineurs avec des études similaires menées dans des pays étrangers démontre que la France aurait le taux de prêtres abuseurs le moins important. Il serait compris entre 2,5% et 2,8% dans l'Hexagone. Il est de 4,4% en Allemagne, 4,8% aux États-Unis, 7% en Australie, 7,5% en Irlande. Mais chacune de ces études a travaillé avec des méthodes différentes, la prudence est donc de mise sur ces interprétations.

Une baisse des cas, mais une stabilisation depuis 30 ans
La commission a découpé les 70 années de l'étude en trois périodes. Il apparaît que la majorité des agressions dans l'Église, 56%, se sont produites entre 1950 et 1970 ; 22% entre 1970 et 1990 ; et 22% entre 1990 et 2020. Une stabilisation qui mérite d'être encore étudiée et expliquée. Il apparaît également que la part des abus dans l'Église par rapport aux abus sexuels commis dans la société sur les mineurs a notoirement baissé. Elle était de 8% entre 1950 à 1970, elle est passée à 2,5% entre 1970 et 1990, elle est à 2% entre 1990 et 2020.