Regroupe trois villages: GIGEAN, POUSSAN et MONTBAZIN
Père Bogdan LESKO, curé.

ANNONCES du 21 au 28 avril 2024

(Historique de l'agenda)

Ordination des femmes, une évolution possible, Charles Delhez sj., La Croix, le 01.06.2020

Tribune Charles Delhez sj., jésuite belge, sociologue de formation, curé de Blocry (Louvain-la-Neuve) et aumônier national des Équipes Notre-Dame, ce prêtre explique comment son opinion a changé en faveur de l’ordination des femmes
Charles Delhez sj., le 01/06/2020 à 14:28
Lecture en 3 min.
Ordination des femmes, une évolution possible
« De grands théologiens comme Karl Rahner ou le cardinal Daniélou étaient d’ailleurs favorables à l’ordination des femmes, l’Écriture sainte ne conduisant pas, quant à elle, à des conclusions fermes. »

Comme tout le monde, j’ai été surpris par la candidature largement médiatisée d’Anne Soupa à l’archevêché de Lyon, mais pas étonné. J’ai même souri. Le coup est original ! Je sais le combat que cette théologienne mène avec d’autres, un combat honnête. L’occasion était rêvée de faire à nouveau réfléchir sur la place des femmes dans l’Église.

À propos de leur ordination, j’ai personnellement assez bien évolué. Il y a en effet rarement le tout vrai d’un côté et le tout faux de l’autre. La vérité est souvent plus nuancée et des arguments valables vont dans les deux sens. Il est donc possible, au cours d’une conversation ou après des années, que quelqu’un change d’opinion.

→ ENTRETIEN. « L’Église a encore du chemin à faire pour que les femmes trouvent pleinement leur place »

J’avoue avoir toujours eu une tendance plutôt féministe, souhaitant que le pouvoir, à comprendre en termes de responsabilité, soit partagé à égalité dans l’Église et la société. Il est vital que le monde ne soit pas toujours vu avec des yeux masculins. Pour ce qui est de l’ordination des femmes, j’étais cependant plus réticent. L’univers sacramentel n’est en principe pas une question de pouvoir, il se situe dans le registre symbolique. Je suis cependant en train de changer d’avis. Expliquons-nous.

L’égalité de l’homme et de la femme
Jésus a donné aux femmes une place plus importante que ses contemporains. Saint Paul, qui pourtant parle encore sur fond d’une culture patriarcale, a proclamé haut et clair l’égalité de l’homme et de la femme. La première page de la Bible donnait de l’être humain une vision sexuée et pas uniquement masculine, nous mettant déjà sur cette piste.

L’Église, sans nier cette égalité, insiste sur leur différence intrinsèque, et pas seulement culturelle. Réserver la prêtrise aux hommes est pour elle une question de cohérence symbolique avec sa vision anthropologique : il n’existe pas un être humain indifférencié, mais deux manières différentes d’être au monde. Le Christ étant historiquement un homme (cela fait partie de la contingence de l’histoire), seul un homme peut agir en la personne du Christ, selon l’expression théologique. L’Église choisit donc de se situer dans le registre symbolique plutôt que sociologique.

Il y a toujours des arguments sur les deux plateaux d’une balance. Voyons l’autre plateau. Si l’on veut maintenir le dialogue avec la culture moderne et si on promeut une conception moins sacrée du prêtre, ordonner des femmes serait un pas en avant dans la ligne du tournant opéré par Jésus. Cela irait dans le sens de l’histoire et lèverait une réserve importante de nos contemporains vis-à-vis de l’institution ecclésiale. Ce ne serait pas un non-sens, me semble-t-il. On peut en effet se demander, avec Dolores Aleixandre, théologienne de référence du pape François, si ce n’est pas une tradition humaine qui a fini par donner naissance à une norme, cette dernière n’étant plus soutenable aujourd’hui.

La réinstauration de diaconnesses
On devinera de quel côté je penche de plus en plus. De grands théologiens comme Karl Rahner ou le cardinal Daniélou étaient d’ailleurs favorables à l’ordination des femmes, l’Écriture sainte ne conduisant pas, quant à elle, à des conclusions fermes. La première étape serait dès lors la réinstauration de diaconesses et le choix de femmes cardinales. L’onction des malades pourrait aussi être donnée par le baptisé, femme ou homme, qui a mission d’accompagner spirituellement la personne souffrante. Ne doit-on pas desserrer l’étau sacramentel devenu un quasi-monopole sacerdotal et masculin (exception faite pour le mariage et le baptême) ?

La première question n’est cependant pas, selon moi, celle du sacerdoce, féminin ou masculin – ce serait encore du cléricalisme –, mais celle de la vitalité des communautés appelées à être davantage responsables et adultes. On peut d’ailleurs se demander si la figure actuelle du clergé n’est pas dépassée.

Il n’empêche. La question de l’ordination des femmes est aujourd’hui comme un petit caillou dans la chaussure. Cette exclusion est-elle encore acceptable ? Notons que le rapport annuel de l’Église catholique en Belgique, millésime 2019, nous apprend que, sur plus de 700 personnes y exerçant des responsabilités, 55 % sont des femmes ! C’est déjà un bon point ! Mais il faut aller plus loin…