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Les enfants dans la Bible, Arnaud Bevilacqua, La Croix 20.12.2019

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La période de l’Avent conduit à contempler la crèche, où l’Enfant-Jésus est entouré de sa mère Marie et son père terrestre Joseph. Une occasion de réfléchir à l’enfance.
Les enfants dans la Bible
Quelle est la place des enfants dans l’Ancien Testament ?

(Voir aussi sur croire.com, Qu’est-ce qu'être père dans la Bible ? La mère dans la Bible)

Reflet de la société de l’époque, les enfants n’apparaissent que peu souvent ; la plupart des mentions concernent les nouveau-nés ou les jeunes enfants appelés à jouer un grand rôle. Il en va ainsi du fameux passage du Livre de l’Exode (2, 1-10) où le petit Moïse est sauvé des eaux par la fille de Pharaon. « Il est certain que l’enfant est considéré comme une bénédiction de Dieu », souligne Mgr Pierre Debergé, membre de la Commission biblique pontificale et directeur au Séminaire français de Rome. « Ils sont nécessaires pour la survie du clan, d’autant que la mortalité infantile est très forte. » Au contraire, l’expérience de la stérilité est vécue comme un drame et parfois comme une malédiction, à l’image de Rachel dans le Livre de la Genèse ou Anne dans le Premier Livre de Samuel.

Si l’enfant est une bénédiction et un don, il est loin d’être l’enfant-roi, que l’on décrit souvent dans notre société actuelle. Dans la Bible, l’éducation, parfois sévère, des enfants, prend une place très particulière : « Le plus grand don que l’on peut faire aux enfants, c’est de les éduquer, insiste Mgr Pierre Debergé. Les parents se doivent de donner des conseils à leurs enfants qui se doivent de les écouter. » Pour illustrer son propos, le théologien cite par exemple un passage du Livre des Proverbes (1, 8-9) : « Écoute, mon fils, les leçons de ton père, ne néglige pas l’enseignement de ta mère : c’est comme une couronne de grâce sur ta tête, un collier à ton cou. »

Fondamentale, l’éducation est avant tout la connaissance de Dieu et de la Torah. Un apprentissage qui peut aussi être fait de corrections, dont le bâton est l’un des symboles. « Qui ménage sa trique n’aime pas son fils, qui l’aime vraiment veille à le corriger », est-il écrit, témoignant d’une certaine rudesse, dans le Livre des Proverbes (13, 24). Une idée que l’on retrouve dans le Livre de Ben Sira le Sage (30, 1) : « Qui aime son fils lui donne souvent le fouet, pour qu’il fasse, plus tard, sa joie. » Cette éducation intransigeante se veut à l’image de l’amour de Dieu : « Car le Seigneur reprend celui qu’il aime, comme fait un père pour le fils qu’il chérit » (Proverbes 3, 12).

Comment la Bible conçoit-elle l’enfance ?

« Dans l’Ancien comme dans le Nouveau Testament, l’enfant est perçu comme une personne incomplète qui n’a pas d’indépendance ni d’autonomie », observe Valérie Nicolet, maîtresse de conférences en Nouveau Testament et doyenne de la faculté de Paris de l’Institut protestant de théologie. « Ce n’est qu’après sa Bar Mitzvah par exemple, qu’il se doit de respecter les commandements de Dieu. Cela correspond au contexte social de l’époque qui est très différent du nôtre où les enfants sont reconnus à part entière, possèdent une part de responsabilité et peuvent exprimer des opinions. »

Dans la Bible, l’enfant a surtout des devoirs envers ses parents. Il se doit de respecter le grand commandement du Deutéronome : « Honore ton père et ta mère, comme te l’a ordonné le Seigneur ton Dieu, afin d’avoir longue vie et bonheur sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu » (5, 16). « C’est le seul commandement positif de la Bible », appuie Mgr Pierre Debergé.

Sur la conception de l’enfance, le regard du Nouveau Testament se situe, à bien des égards, dans la lignée de l’Ancien, notamment en ce qui concerne les Épîtres de Paul, comme dans la Lettre aux Éphésiens : « Vous, les enfants, obéissez à vos parents dans le Seigneur, car c’est cela qui est juste : Honore ton père et ta mère, c’est le premier commandement qui soit assorti d’une promesse : ainsi tu seras heureux et tu auras longue vie sur la terre » (6, 1-3). « Mais il y a une forme d’équilibre car, dans les versets suivants, les parents sont appelés à ne pas pousser leurs enfants à la colère ou à ne pas les exaspérer selon un passage assez similaire de la Lettre aux Colossiens », complète Mgr Debergé.

Paul utilise parfois l’image de l’enfant pour exprimer l’inconstance et l’immaturité, comme dans la Première Lettre aux Corinthiens : « Quand j’étais petit enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant. Maintenant que je suis un homme, j’ai dépassé ce qui était propre à l’enfant » (1 Co 13, 11).

Jésus, Dieu fait nourrisson, opère-t-il une révolution dans la conception de l’enfant ?

« Le renversement, c’est le fait même de Noël : le Fils de Dieu se fait enfant, symbole de dépossession radicale et de faiblesse, qui bouleverse les images de Dieu », explique Mgr Pierre Debergé. La gloire de Dieu se manifeste dans l’humilité la plus totale et l’incapacité à se défendre, comme l’illustre le massacre des Saints Innocents.

Devenu adulte, Jésus utilise à plusieurs reprises la symbolique de l’enfant dans son enseignement. Dans l’Évangile selon saint Marc (10, 13-16) – mais aussi celui de saint Luc (18, 16-17) – il rabroue les disciples qui empêchent les enfants de venir le voir. Selon eux, les enfants ne peuvent pas importuner le maître. Mais Jésus les accueille et les considère, ce qui est notable dans l’environnement culturel de l’époque. Toutefois, selon Valérie Nicolet, cette attention ne signifie pas pour autant que les enfants occupaient une place particulière dans l’entourage de Jésus.

Plus surprenant encore, il les érige en modèle en affirmant que « celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas » (Mc 10, 15). « Le dernier de la société, le plus faible, dans une dépendance totale, devient ainsi le premier, l’exemple de la manière dont nous devons nous situer, dans la confiance, renonçant à toute maîtrise, analyse Mgr Pierre Debergé. C’est une vraie nouveauté, surtout au sein d’une société hiérarchisée où l’enfant est relégué au second plan. »

L’enfant représente ici tous les petits, les fragiles, les pauvres. Il est aussi l’image de l’humilité pour rappeler aux disciples de ne pas chercher à être le plus grand. « L’enfant dans sa dépendance et sa petitesse renvoie à ce que nous sommes, c’est-à-dire des enfants de Dieu, poursuit Mgr Pierre Debergé. Il nous indique le chemin spirituel du dépouillement.

Arnaud Bevilacqua