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(Historique de l'agenda)

Marie et « la femme » au risque de l’idéalisation. Anne-Bénédicte Hoffner, La Croix, le 20/11/2019

À l’inverse d’Ève, présentée par une certaine tradition comme coupable du péché originel, la figure évangélique de Marie a nourri un « courant d’exaltation ».

Celle-ci a été source de promotion féminine mais aussi de « négation concrète » de la réalité vécue par les femmes.

Série « les figures féminines dans les religions » (3/15)

Anne-Bénédicte Hoffner, le 20/11/2019 à 12:05
Marie et « la femme » au risque de l’idéalisation
L’invitation à imiter Marie, « celle qui dit oui », est un leitmotiv des écrivains spirituels des XVIIIe et XIXe siècles comme des papes.

« Marie vierge est toute pure, Marie mère est toute tendre, Marie épouse est toute donnée. Toute femme peut ainsi se retrouver dans Marie… On ne saurait imaginer de présence à la fois plus forte, plus complète et plus offerte »… Ainsi s’exprimait il y a peu un prêtre catholique dans la presse, profitant de la fête de l’Assomption pour suggérer une fois de plus Marie comme « modèle universel de la femme ».

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Comment ne pas rejoindre la journaliste catholique Monique Hébrard lorsqu’elle constate que « comme l’image d’Ève nourrit le mépris à l’égard des femmes, celle de Marie nourrit à travers les siècles un courant d’exaltation qui a été une source de promotion féminine mais aussi de négation de la réalité concrète et individuelle des femmes, au profit d’un idéal éthéré » (1).

Invitation à imiter Marie
« Génie féminin » se traduisant par une vocation à « l’accueil », à « l’écoute » ou à la maternité : l’invitation à imiter Marie, « celle qui dit oui », est un leitmotiv des écrivains spirituels des XVIIIe et XIXe siècles comme des papes. « Nul changement dans l’opinion des hommes, aucun état nouveau ne sauraient jamais arracher la femme consciente de sa mission à cette sphère naturelle qu’est pour elle la famille », écrit Benoît XV en 1919. « La femme au foyer est le soleil de la famille par la clarté de son regard et la chaleur de sa parole », renchérit Pie XII en 1942.

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Tout en défendant la dignité et les droits des femmes, et soutenu par une dévotion mariale fervente, Jean-Paul II lui-même n’a pas échappé à cette estime tout à la fois admirative et réductrice, jusqu’à faire d’elles des « sentinelles de l’invisible » dans une homélie pour l’Assomption à Lourdes prononcée quelques mois avant sa mort.

Faire de la mère de Jésus « une créature hors sol, qui n’appartient plus à notre humanité incarnée et sexuée » présente le risque d’en faire « une figure disponible à toutes les projections qui inventent le féminin à distance des femmes réelles », met en garde la théologienne Anne-Marie Pelletier. De nouvelles lectures ont permis de redécouvrir un visage plus incarné de Marie, « femme parmi les femmes, dans une simplicité de vraie grandeur », qu’il conviendrait d’approfondir.

(1) Féminité dans un nouvel âge de l’humanité. Féminin et masculin, l’âge de l’Alliance. Droguet et Ardant, 1993.

(2) L’Église, des femmes avec des hommes. Cerf, 248 p., 19,50 €.