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Les religions autorisent-elles la crémation ?
Marie Malzac, La Croix, le 14/03/2019 à 19:47. Modifié le 17/03/2019 à 16:31

Les pratiques funéraires ont beaucoup évolué, surtout depuis les années 90 où le recours à la crémation, dans certains pays de tradition catholique ou protestante, est devenu de plus en plus fréquent. Tour d’horizon de cette pratique dans les différentes Églises et religions, en partenariat avec le magazine « Vox Pop », diffusé dimanche 17 mars à 20 h 05.

En Europe, les pratiques funéraires évoluent. Longtemps, c’est l’inhumation, le fait d’ensevelir les corps des défunts, qui a été le rituel privilégié dans les sociétés judéo-chrétiennes. Mais depuis les années 1990, la crémation, qui consiste à brûler et réduire en cendres le corps de la personne décédée, connaît une forte progression. En Europe du Nord, la proportion de personnes qui choisissent ce rite funéraire atteint les 80 %. Dans les pays du Sud du continent, ce chiffre est beaucoup plus contenu.
Que signifie l’avancée de cette pratique qui, à l’origine, constitue traditionnellement la norme dans les religions orientales comme le bouddhisme ? Le facteur religieux a-t-il un impact sur le recours ou non à la crémation ? Faisons le tour de la question.
Pour les protestants, aucun argument théologique ne s’oppose à la crémation
Traditionnellement, les chrétiens ont toujours préféré le rite de l’inhumation, manifestant ainsi, d’une part, le respect pour le corps comme œuvre de Dieu, mais aussi leur foi dans la résurrection. Au XIXe siècle, les anticléricaux prirent l’habitude de se faire incinérer pour montrer leur refus de cette croyance. Cette pratique fut donc considérée comme anticatholique pendant de nombreuses années. Puis, en 1963, le Vatican autorisa la crémation, à condition qu’elle ne soit pas choisie pour des raisons contraires à la foi chrétienne.

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Cette ouverture et l’évolution des mœurs ont permis une forte progression en France. Le taux de crémation y est passé de 10 % dans les années 1990 à 36 % en 2017. Dans les pays du sud de l’Europe – Espagne, Italie, Portugal – majoritairement catholiques, ces taux restent toutefois assez bas (autour de 10 %).
La situation est différente chez les protestants. Pour eux, aucun argument théologique ne s’oppose à la crémation. Aussi, en France, les protestants adoptèrent la crémation dès sa légalisation, à la fin du XIXe siècle. Aujourd’hui, c’est la pratique majoritaire dans de nombreux pays de traditions protestantes. En Suisse, par exemple, 9 défunts sur 10 sont concernés. Des chiffres très élevés se retrouvent en Suède ou encore au Danemark. Ces pays sont aussi ceux où la sécularisation est sans doute la plus avancée.
Dans l’islam, l’obligation formelle d’inhumer les morts demeure Il n’en va pas de même chez les orthodoxes où la crémation ne fait pas partie de la tradition. Ce n’est qu’en 2006 que cette pratique a été autorisée en Grèce (pays qui se dit orthodoxe à 99 %), malgré la forte opposition de l’Église. Peu de temps après l’approbation de cette loi, l’Église grecque a finalement assuré qu’elle ne s’opposait pas à la crémation des défunts d’autres religions, tout en rappelant qu’un fidèle orthodoxe voulant la crémation ne pouvait recevoir d’obsèques religieuses.

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Et dans le judaïsme ? Comme pour les chrétiens, c’est par respect pour le corps et dans la perspective de la résurrection des morts que la crémation n’est pas autorisée. Toutefois, certains courants proposent une approche plus souple. En France, c’est notamment le cas des juifs libéraux qui acceptent d’accompagner les personnes faisant ce choix.
Quant à l’islam, l’obligation formelle d’inhumer les morts demeure. Mais des questions surgissent pour une partie de la nouvelle génération de musulmans, nés en Europe.
La pratique de la crémation devrait donc poursuivre sa hausse. Le recul des références religieuses, mais aussi des raisons à la fois économiques et pratiques expliquent cette tendance, dans une Europe de plus en plus sécularisée.