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CATHOLICISME : Les fruits de la réforme liturgique
Dominique Greiner. La Croix, Publié le 2 février 2016à 16h55

Le renouveau de la pratique qui a accompagné le concile Vatican II fait de la liturgie une ressource pour la vie spirituelle des fidèles en articulant mieux dimension ecclésiale et démarche de foi personnelle

Pour de nombreux fidèles, la réforme liturgique associée au concile Vatican II, c’est avant tout l’abandon du latin et le retournement de l’autel. Elle a pourtant engagé quelque chose de plus fondamental en faisant de la liturgie un élément central pour la vie spirituelle. Une perspective qui était loin d’aller de soi au début du XXe siècle, rappelle Jean-Louis Souletie, dans l’introduction de l’ouvrage collectif dont il a assuré la coordination : la pratique liturgique étant alors considérée « comme trop cléricale ou trop peu fréquente », c’est la prière privée qui était vue comme le fondement de la vie spirituelle.

Culte intégral
Le travail de pionniers du mouvement liturgique comme Dom Lambert Beauduin – auteur en 1914 de La piété de l’Église. Principes et faits, un livre programmatique – a permis de faire évoluer la perspective. Trois décennies plus tard, en définissant le culte intégral du Corps mystique de Jésus-Christ, l’encyclique Mediator Dei sur la liturgie (1947) interdit désormais « d’opposer la prière privée à la prière liturgique ». La perspective trouve son aboutissement avec la réforme liturgique qui met la Parole de Dieu au centre de la liturgie.

« Si la liturgie nourrit la piété de l’Église, c’est qu’elle est tout entière l’action de Dieu qui adresse sa Parole (le Christ) à son corps (l’Église), dans la force de l’Esprit. (…) L’action de célébrer exprime la piété de l’Église », écrit Jean-Louis Souletie, directeur de l’Institut supérieur de liturgie (ISL), en référence à Sacrosanctum concilium, la déclaration conciliaire sur la liturgie. Les neuf contributions qui suivent, dues à des enseignants de l’ISL font plus qu’illustrer cette affirmation.

Une ressource en temps de crise
Partant des énoncés conciliaires, elles tentent de dire en quoi la liturgie, pour autant que les assemblées chrétiennes en accueillent toutes les exigences, est une ressource essentielle pour traverser la crise actuelle : « une crise de la foi qui rend plus difficile la reconnaissance de Dieu agissant aujourd’hui dans la vie du monde ; une crise de la pratique culturelle jugée inefficace ; une crise du lien social dénoncée par beaucoup », selon les mots de Philippe Barras.

La ressource liturgique est alors envisagée sous trois angles : comme « fait social » puisque la liturgie rassemble des fidèles et leur propose des rites auxquels ils peuvent participer activement (par le chant…) ; comme acte spécifique du christianisme (sa « marque de fabrique »), avec ses lieux et sa ritualité propre qui a pour matrice la Parole de Dieu ; comme « mystère ecclésial », fondé sur le lien intime entre célébration et mystère pascal. Et c’est en prenant en charge ces trois dimensions que la réforme liturgique permet de mieux articuler la dimension ecclésiale et la démarche de foi personnelle.

Ainsi dans la célébration des sacrements, « la liturgie de la Parole articule les temps d’intériorité (l’écoute des lectures, les temps de prière silencieuse) et l’action communautaire (on se lève et on s’assied en même temps, on chante, on répond), signifiant que la réception de la Parole de Dieu est personnelle sans être coupée de la médiation ecclésiale qui la fait advenir », explique Hélène Bricout.

Le silence, mode de la participation active des fidèles
Dans Habiter le silence dans la liturgie, Pascal Desthieux focalise son attention sur un aspect méconnu de la réforme liturgique : l’observation du silence comme forme de participation active des fidèles. Le prêtre suisse, qui vulgarise ici les résultats d’une recherche doctorale, rappelle que Sacrosanctum concilium est le premier document officiel qui fait droit au silence dans la liturgie. Un silence qui, s’il est vraiment observé, « confirme la place que le célébrant donne à l’assemblée pour que tous soient pleinement participants et acteurs de la liturgie ». Et pour que chacun puisse en recueillir les fruits pour le renouvellement de sa vie spirituelle.

Dominique Greiner