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« L’idée d’un diaconat féminin s’oppose à l’enseignement de Vatican II ». Père Jean-Baptiste Nadler, La Croix le 31.03.2023

tribune
Père Jean-Baptiste Nadler
Membre de la Communauté de l’Emmanuel, curé à Vannes
Le père Jean-Baptiste Nadler répond dans ce texte aux promoteurs du diaconat féminin. Selon lui, cette initiative serait contraire à l’esprit de Vatican II et « briserait l’unité du sacrement de l’ordre ». Il publie en mai prochain L’Esprit de la messe de Paul VI aux Éditions Artège.

Père Jean-Baptiste Nadler, le 31/03/2023 à 15:42
Lecture en 3 min.
« L’idée d’un diaconat féminin s’oppose à l’enseignement de Vatican II »
Lecture effectuée par une laïque lors de la messe de consécration du nouvel autel de la basilique Saint-Denis. Saint-Denis, le 14 janvier 2018.
GUILLAUME POLI/CIRIC
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Le 29 octobre 1963, les pères du concile Vatican II se prononçaient pour le rétablissement du « diaconat comme degré distinct et permanent du saint ministère », décision promulguée par la constitution dogmatique sur l’Église : « Le diaconat pourra, dans l’avenir, être rétabli en tant que degré propre et permanent de la hiérarchie » (Lumen Gentium 29). Ce même concile répond également à une vieille question théologique au sujet de l’épiscopat en affirmant que, « par la consécration épiscopale, est conférée la plénitude du sacrement de l’ordre » (LG 21). Vatican II rappelle aussi que « les évêques, en vertu de l’institution divine, succèdent aux Apôtres comme pasteurs de l’Église » (LG 20).

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De là découle l’unité du sacrement de l’ordre, dans l’expression de ses trois degrés : les diacres et les prêtres sont les collaborateurs de l’évêque, selon leur mission propre. Soit dit en passant, je trouve dommage que les évêques portent si peu souvent la dalmaticelle sous leur chasuble, car ces deux vêtements liturgiques soulignent la plénitude du sacrement de l’ordre et le lien étroit qui unit les trois degrés.

Le fait que le diaconat ait été restauré comme « degré distinct » de la hiérarchie ecclésiale signifie qu’il ne doit pas être réduit à une étape vers le sacerdoce ou un marchepied vers un plus grand pouvoir dans l’Église, mais qu’il possède sa valeur propre, qui est le service à l’image du Christ qui s’est fait le « diacre », c’est-à-dire le serviteur de tous.

Une certaine revendication se fait entendre
Or actuellement – et de plus en plus – une certaine revendication se fait entendre en faveur d’une ouverture du diaconat aux femmes. Elle est, par exemple, portée par des théologiens d’influence comme Arnaud Join-Lambert (1), qui se dit pour l’ordination diaconale de femmes. Elle figure aussi dans des contributions synodales comme celle du collectif Promesses d’Église : « Certains membres de Promesses d’Église souhaitent faire de l’instauration du diaconat féminin un premier pas symbolique important. » Et en dernière date, elle fait partie des conclusions du 8e groupe de réflexion mandaté par la conférence épiscopale française à la suite du rapport de la Ciase : « Opportunité d’ouvrir aux femmes de nouveaux ministères (diaconat…). »

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À première vue, cette proposition peut sembler de bon sens : conférer un sacrement configurant au Christ-Serviteur à des femmes qui sont déjà très engagées dans le service ecclésial, qui plus est en les intégrant dans la hiérarchie afin qu’elles participent, non au gouvernement pastoral (car le diacre n’est pas configuré au Christ-Pasteur), mais à la gouvernance sacramentelle pourrait avoir une certaine cohérence.

Contraire à l’enseignement de Vatican II
À première vue seulement. Car, à y regarder de plus près, cette idée de diaconat féminin s’oppose à l’enseignement de Vatican II. Vouloir faire du diaconat féminin « un premier pas symbolique important » vers plus de pouvoir d’ordre, ou une porte d’entrée vers le sacerdoce féminin, contredit la décision conciliaire d’un diaconat comme « degré distinct » ou « propre ». Se servir du diaconat comme antichambre de pouvoir, c’est méconnaître son identité de service, c’est le dénaturer, c’est tordre l’esprit même du diaconat.

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De plus, un diaconat féminin briserait l’unité du sacrement de l’ordre. Le collège des évêques étant successeur du collège des apôtres, il est normal que l’épiscopat soit conféré aux seuls hommes masculins, dans une fidélité au choix que Jésus-Christ a lui-même fait pour les Douze. Dans la perspective d’unité des trois degrés de cet unique sacrement, le sacerdoce et le diaconat sont donc conférés à des hommes masculins. Ne plus suivre cette règle bi-millénaire reviendrait à disjoindre le sacrement de l’ordre et à éloigner le diaconat de l’épiscopat.

En définitive, il apparaît que la proposition d’ouvrir le diaconat sacramentel aux femmes est doublement contraire aux avancées théologiques et pastorales du concile Vatican II. C’est une fausse bonne idée : il convient de l’abandonner et de chercher ailleurs les vraies pistes pour promouvoir une meilleure intégration et participation des femmes dans la vie ecclésiale.

(1) Professeur à l’Université catholique de Louvain, le théologien franco-suisse Arnaud Join-Lambert est expert de la commission de méthodologie pour le synode romain des évêques sur la synodalité (2021-2023), ainsi que co-rédacteur de la synthèse finale de l’assemblée synodale dans sa phase continentale européenne.