Regroupe trois villages: GIGEAN, POUSSAN et MONTBAZIN
Père Bogdan LESKO, curé. ANNONCES DU 9 au 17 NOVEMBRE 2024(Historique de l'agenda) |
TERRE DU CHRIST EN DANGER
Voici les coordonnées de l’association Phoenix parrainée par Mgr
Nassif qui vient en aide aux chrétiens du Liban.
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Par chèques:
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Un article sur un village chrétien du Sud-Liban, Rmeich signalé par Mgr Nassif.
Message audio de Mgr Nassif
Au Liban, la solitude des chrétiens de Rmeich, pris au piège entre le Hezbollah et Israël
Coupés du monde, ils ont décidé de rester dans leur village e tprêchent la paix malgré la guerre qui fait rage autour d’eux.
Mayeul Aldebert, Le Figaro, 25 octobre 2024
Sur la colline en face de Rmeich, un nuage noir envahit le village chiite frontalier d’Aïta al-Chaab. Un instant plus tard, la détonation parvient, brutale, faisant trembler l’atmosphère et reculer d’un pas Maria et sa famille. « Hier, on a vu une colonne de 30 chars Merkava traverser la colline », raconte-t-elle. Aïta al-Chaab est désormais un champ de ruines. C’est depuis ce village que des combattants du Hezbollah avaient capturé deux soldats israéliens en juillet 2006, déclenchant la guerre dévastatrice des 33 jours.
Malgré cette nouvelle guerre qui fait rage sous leurs yeux, la famille de Maria est restée chez elle, dans le village chrétien de Rmeich. Ils sont 5500 à avoir fait ce choix. Le village est situé à moins d’un kilomètre de la Ligne bleue, qui délimite la frontière entre le Liban et Israël, sur les collines qui se perdent au sud du mont Liban, région contrôlée par le Hezbollah. « Quand Israël tire, cela passe au-dessus de nous. Quand le Hezbollah riposte, c’est pareil », rapporte Maria.
À chaque heure de la journée, à chaque instant de la nuit, retentit le bruit des missiles, des roquettes, des avions de chasse et des armes automatiques utilisées dans les combats au sol. Dans un communiqué publié jeudi, le Hezbollah a déclaré que ses combattants affrontaient les troupes israéliennes « à bout portant » à Aïta al-Chaab.
Une balle perdue a frappé lundi la porte d’une école de Rmeich. Une autre a blessé un paysan du village qui gardait ses chèvres. Les habitants craignent que des combattants du Hezbollah n’investissent le village, - ils en ont déjà vu se réfugier dans des grottes proches, ou que les Israéliens ne le traversent. Cependant, Rmeich reste encore un sanctuaire.
« On n'abandonnera jamais notre maison. On ne saurait pas où aller de toute façon », déclare la fille de Maria, traduisant difficilement avec ses mots l’attachement des habitants à leur terre. « Rmeich est le plus beau village du monde », dit-elle d’un souffle.
Pour y parvenir, nous avons accompagné un convoi de ravitaillement escorté par l’armée libanaise, en coordination avec les Casques bleus de la Finul qui servent d’intermédiaire avec l’armée israélienne. À partir de Tyr, grande ville côtière du sud, la colonne de véhicules a traversé des villages désertés, en grande partie dévastés.
Hanouiyé, Seddiqine, Kafra… Partout le même paysage de désolation : des voitures abandonnées, des lignes électriques arrachées, des vitrines de magasins brisées par l’onde de choc des bombes. Au-dessus des bâtiments entièrement pulvérisés, les drapeaux déchirés du Hezbollah flottent, à côté des affiches à l’effigie de Hassan Nasrallah, fraîchement installées après sa mort. Le réseau téléphonique, quant à lui, est inexistant, brouillé par les drones MK israéliens.
Arrivé à Rmeich, le camion de 15 tonnes de nourriture, de médicaments, de batteries solaires et de matelas affrété par l’Œuvre d’Orient, une association française qui soutient les chrétiens dans la région, est déchargé par les hommes du village. Les habitants manquent de tout, d’autant qu’ils accueillent leurs voisins d’Aïn Ebel, un autre village chrétien isolé du secteur, que l’armée israélienne a sommé d’évacuer au début du mois d’octobre. En revanche, aucun chiite n’a trouvé refuge à Rmeich. Les habitants craignent qu’ils n’aient des liens avec le Hezbollah, et d’être ciblés, en conséquence, par l’armée israélienne.
« Il y a des bombardements, oui, mais Dieu nous protège », explique Salim el-Akher, l’aîné des réfugiés d’Aïn Ebel. À 87 ans, l’homme accepte avec lassitude les événements. « Personne ne peut dire ce qu’il va arriver, seul Dieu le sait, et Dieu a pitié de nous », dit-il, en agitant son chapelet.
« Je vis comme les oiseaux de l’Évangile, avec ce que l’on m’offre chaque jour », ajoute Bachir, un autre réfugié d’Aïn Ebel. Autrefois infirmier, l’homme a connu tous les conflits qui ont meurtri le Liban depuis cinquante ans. Il a perdu la vue pendant la guerre civile, quand une bombe israélienne a explosé devant lui alors qu’il secourait des blessés. « J’aimerais vivre les derniers jours de ma vie en paix », dit-il sans trop y croire.
Des familles séparées à jamais
« Pour eux, la vie s’est arrêtée quand la guerre a commencé il y a un an, le 8 octobre 2023. Ils sont très éprouvés », explique Vincent Gelot, directeur de l’Œuvre d’Orient au Liban. « L’existence même de ces villages est en péril. S’ils doivent fuir une énième fois, certains ne rentreront pas, comme en Irak ou en Syrie », alerte-t-il.
« On a très peur pour l’après-guerre », intervient aussi Joseph, un habitant de Rmeich. Les villageois vivent en bonne entente avec leurs voisins chiites dont ils côtoient les enfants dans les écoles chrétiennes mixtes. « On discute de tout sauf de religion et de politique », explique-t-il. « Mais le Hezbollah pourrait s’en prendre à nous, car nous ne le soutenons pas dans sa guerre », dit-il aussi, réveillant le douloureux souvenir du retrait israélien en 2000.
À cette époque, quand l’armée israélienne met un terme à sa présence au Liban, plusieurs villageois de Rmeich fuient en Israël pour échapper aux représailles du Hezbollah. Le mouvement chiite traque les chrétiens qui ont servi dans l’Armée du Liban sud, la milice libanaise qui a soutenu l’occupation israélienne dans la région. Plusieurs familles du village sont ainsi séparées, à jamais.
«Mes deux sœurs dont les maris étaient miliciens sont parties, j’en ai pleuré pendant deux ans», raconte Laure, une réfugiée d’AïnEbel à Rmeich. «Je ne les ai revues qu’une seule fois à Chypre, en 2011» ajoute-t-elle le regard tourné vers la frontière.«Et dire qu’elles sont juste de l’autre côté…Les pays arabes ont tous signé pour la paix avec Israël, et nous, qu’attendons-nous?», s’offusque-t-elle.
« On est seuls », s’attriste de son côté Tarek. « Nous, les maronites, nous nous sommes battus aux côtés de Napoléon III », dit-il en référence à l’expédition française en Syrie au XIXe siècle qui avait consacré l’autonomie des chrétiens du Mont-Liban vis-à-vis de l’Empire ottoman. « Où est la France aujourd’hui ? »
En direction d’Aïta al-Chaab, une position de la Finul, entourée de murs de béton, de barbelés et de hérissons rappelle l’impuissance des Nations unies à imposer un cessez-le-feu. Les autorités libanaises ont aussi décidé d’évacuer le commissariat du village, présence symbolique de l’État, avant de rétropédaler cette semaine devant la réprobation des habitants. Isolés, les chrétiens de Rmeich s’accrochent à leur terre, coûte que coûte, malgré les guerres qui se succèdent.
Des habitants de Rmeich déchargent un camion d’aide humanitaire
Message audio de Mgr Nassif